Le Maroc amorce une nouvelle phase de sa politique industrielle, en plaçant les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) au cœur de sa stratégie de relance. Face à un tissu industriel encore fragile mais en mutation, le ministère de l’Industrie a lancé, via l’Agence Maroc PME, une nouvelle génération de programmes de soutien destinés à renforcer les capacités des petites structures, longtemps marginalisées au profit des grands groupes et des multinationales.
Quatre dispositifs structurent cette démarche : ISTITMAR, MOWAKABA, TATWIR et NAWAT. Le premier, ISTITMAR, vise à soutenir l’investissement productif avec une aide pouvant atteindre 30 % du montant engagé, avec un bonus pour les projets situés hors du corridor industriel Tanger-Casablanca. MOWAKABA, de son côté, augmente la prise en charge des coûts de conseil pour les très petites entreprises, dans le but d’améliorer leur gestion et leur accès aux marchés.
TATWIR cible les investissements à forte valeur ajoutée dans des secteurs jugés stratégiques, tels que la pharmacie ou l’électronique. NAWAT s’adresse aux entrepreneurs et TPE avec des projets inférieurs à 3 millions de dirhams, en combinant accompagnement à la création et développement de compétences.
Ces mesures s’inscrivent dans un contexte de transformation globale, où les TPME marocaines doivent à la fois monter en gamme technologique, se digitaliser et intégrer les exigences de durabilité. En 2023, seules 14 % d’entre elles détenaient une certification qualité reconnue à l’international, et moins de 10 % exportaient une part significative de leur production.
La mise en œuvre de ces programmes s’accompagne d’une volonté d’ancrer l’innovation au niveau territorial, notamment à travers des hubs régionaux et des collaborations avec les centres techniques industriels. Mais selon certains observateurs, plusieurs obstacles freinent cette dynamique : faible capitalisation des TPME, déficit de formation spécialisée, lenteurs administratives et manque de coordination entre les acteurs publics. Pour eux, le succès de cette politique passera par une meilleure gouvernance, la simplification des dispositifs et un suivi rigoureux de leur efficacité. « Car si les ambitions sont élevées, elles ne produiront des résultats tangibles que si elles répondent aux réalités concrètes du terrain et aux besoins spécifiques des petites entreprises » expliquent-ils.