Les réserves de change algériennes sont tombées à 47,1 milliards de dollars en octobre 2025, contre 67,8 milliards fin 2024. Une chute de plus de 20 milliards en dix mois qui réduit sensiblement les marges de manœuvre du pays face aux chocs extérieurs.
Les chiffres proviennent de CEIC Data, une base utilisée par les banques centrales et les grandes institutions financières qui consolide les données du FMI et de la Banque d’Algérie. Entre septembre et octobre 2025, le stock de devises a reculé de 2,5 milliards de dollars, passant de 49,6 à 47,1 milliards. Ce montant correspond aux seules réserves en devises. Si l’on retient le périmètre plus large des réserves internationales hors or, qui inclut aussi les droits de tirage spéciaux et la position de réserve auprès du FMI, le stock atteint environ 52 milliards de dollars à la même date, selon les données du FMI compilées par CEIC.
Cette accélération confirme une tendance lourde enclenchée depuis le début de l’année. Le niveau de fin 2024, établi à 67,8 milliards de dollars par le FMI dans sa mission Article IV publiée en juin dernier, permettait de couvrir environ 14 mois d’importations. Avec un stock qui s’approche désormais de 47 milliards, le coussin de sécurité diminue rapidement. Le seuil de danger immédiat reste loin, mais la vitesse de l’érosion interpelle.
Un déficit de 7,5 milliards au premier semestre
Les statistiques de la Banque d’Algérie éclairent les mécanismes de cette hémorragie. Le solde global de la balance des paiements a affiché un déficit de 7,506 milliards de dollars sur le premier semestre 2025. Ce déséquilibre traduit directement la consommation des réserves sur la période.
Le compte des transactions courantes accuse un déficit encore plus marqué, à 10,483 milliards de dollars. Cette dégradation résulte de la combinaison entre des recettes d’exportation en baisse et une facture d’importation qui reste élevée. Le compte capital, légèrement négatif à 38 millions de dollars, ne compense pas le déséquilibre du compte courant.
Ces données permettent de suivre l’évolution mois après mois. Le passage sous la barre des 50 milliards de dollars en septembre, puis la poursuite de la baisse en octobre, illustrent un ajustement continu. Cette fonte n’est pas un accident ponctuel mais le résultat d’un déséquilibre persistant.
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La pression des hydrocarbures
Plusieurs facteurs se conjuguent. Les recettes d’exportation reculent sous l’effet de prix d’hydrocarbures moins favorables et de volumes en baisse, particulièrement pour le gaz. Les importations de biens et services progressent dans un contexte de reprise de la demande interne, comme en témoigne une croissance du crédit à l’économie de 6,99% et un PIB en hausse de 4,5% au premier trimestre 2025.
Les sorties de devises liées à la libéralisation partielle de certains flux, comme le tourisme et les transferts, s’ajoutent à l’équation. Le constat est clair : le pays consomme ses réserves plus vite qu’il ne les reconstitue. La balance globale des paiements affiche un déficit sur la période, malgré un niveau encore significatif d’exportations pétrolières et gazières.
La chute des réserves limite la capacité du pays à absorber de nouveaux chocs. Toute baisse prolongée des cours du pétrole ou du gaz se traduirait plus rapidement par des tensions sur le dinar, le financement des importations essentielles et la stabilité macroéconomique. Il convient toutefois de relativiser : avec 47 milliards de dollars, l’Algérie dispose encore d’une capacité d’intervention significative, bien au-delà des seuils critiques observés dans d’autres économies émergentes confrontées à des crises de balance des paiements.