Pendant des années, la question des avoirs récupérés a nourri fantasmes, doutes et polémiques. Milliards annoncés, hôtels saisis, comptes gelés à l’étranger : beaucoup d’effets d’annonce, peu d’éléments vérifiables pour le citoyen lambda. Avec le lancement d’une plateforme numérique dédiée au suivi des avoirs recouvrés, l’État algérien franchit un cap à la fois psychologique et institutionnel : mettre les chiffres et les actifs sous le faisceau de la preuve numérique.
Supervisée par le ministre de l’Industrie, Yahia Bachir, cette plateforme n’est pas une simple interface technique. Elle répond directement aux instructions du président Abdelmadjid Tebboune. Dans une Algérie qui revendique la « bonne gouvernance », l’outil vise à centraliser l’information et à normaliser la gestion des actifs réintégrés dans le patrimoine national. L’enjeu est clair : transformer un discours politique — la lutte contre la corruption — en une réalité comptable consultable.
Numérisation de l’État et suivi des biens récupérés
Le cas de l’hôtel El Palace en Espagne, largement médiatisé, illustre ce besoin de clarté. Désormais, la plateforme de l’Inspection générale du ministère de l’Industrie est appelée à jouer le rôle de « thermomètre de vérité ». En rendant les données traçables, l’État s’impose une obligation de résultat.
La dimension judiciaire donne une assise plus solide à cet édifice. Selon les chiffres du ministre de la Justice, Lotfi Boudjemaâ, l’offensive est internationale : 335 commissions rogatoires adressées à 32 pays et 53 demandes de restitution formulées auprès de 11 États. Ces chiffres ne sont plus de simples abstractions ; ils renvoient à des procédures complexes visant à traquer des fonds d’origine criminelle.
Transparence financière et récupération des avoirs
La transparence dépasse ici le cadre administratif. Elle devient un levier de confiance. En exposant l’état réel des actifs récupérés, l’État réduit l’espace des rumeurs et des fausses informations. C’est un test de crédibilité institutionnelle : si les chiffres confirment les annonces, le contrat de confiance avec les citoyens se renforce ; dans le cas contraire, l’outil se transformera en miroir embarrassant.
Cette plateforme marque une rupture dans la gestion publique. Elle fait de la récupération des biens un processus auditable. Pour le citoyen algérien, la question n’est plus de croire ou non, mais de voir et de vérifier.