Après deux reports successifs qui avaient suscité interrogations et impatience, le salon REVADE 2025 s’est finalement tenu ce jeudi 13 novembre au Palais des Expositions de la SAFEX, à Alger. Un rendez-vous majeur pour les acteurs du recyclage et de la valorisation des déchets, où une industrie algérienne encore émergente a montré son potentiel et sa capacité d’innovation.
Ce second report, annoncé à la veille de l’ouverture, avait plongé les exposants dans l’incertitude. Une fois les portes ouvertes, c’est néanmoins un soulagement général qui s’est exprimé. La responsable de communication de la Chambre Algérienne de Commerce et d’Industrie (CACI) a tenu à clarifier l’origine de ces décalages :
« Le premier report était dû à la non-participation de certains pays africains. Nous avons donc dû revoir les slogans et attendre l’arrivée de tous les participants. Le second, décidé par le ministère la veille du salon, visait à reprogrammer l’événement à une date plus opportune », explique-t-elle.
Des entreprises pionnières dans la transformation des déchets
La SARL ALUNION, implantée à Blida depuis 2017, en est un exemple emblématique. Spécialisée dans la transformation de l’aluminium en lingots, puis en radiateurs pour le chauffage central, elle contribue activement à la stratégie de substitution aux importations.
Son directeur général, Moussaoui Djillali, revient sur les débuts :
« Je suis parmi les premiers à avoir opté pour le recyclage de l’aluminium dès 2013. En 2017, j’ai commencé la fabrication de radiateurs de chauffage central. Avant, on importait ces produits à des coûts colossaux depuis l’Italie ou l’Allemagne. Aujourd’hui, nous assurons la production locale à partir de carters de voitures et de groupes défectueux. Ces déchets, autrefois jetés dans la nature, sont désormais une ressource. Et ce n’est qu’un début : nous comptons fabriquer d’autres produits à base de ces matériaux. »
Cette logique d’économie circulaire, qui fait du déchet une matière première, gagne du terrain chez d’autres jeunes entreprises ambitieuses.
L’essor du recyclage local : du lingot à la poignée de porte
À Blida toujours, Amar East West Metal s’apprête à lancer une unité de recyclage d’aluminium. Une initiative portée par une génération d’entrepreneurs convaincus que la valeur ajoutée doit être créée localement.
« Nous avons déjà des échantillons fabriqués à base de canettes, de carters et de blocs moteurs. Ces matériaux recyclés deviennent des lingots, puis des poignées de porte et d’autres articles. Avant, ces produits venaient de Chine ; aujourd’hui, nous les fabriquons ici, à des prix abordables. L’importation diminue, et le marché local devient de plus en plus attractif », affirme le directeur.
Ces témoignages illustrent une mutation économique réelle : le recyclage n’est plus perçu comme un geste environnemental, mais comme une industrie à part entière, créatrice d’emplois et de savoir-faire.
Une chaîne complète, de la collecte à la transformation
Dans l’ouest du pays, Recyclovert, basée à Oran, incarne la première étape du processus. En activité depuis moins de deux ans, l’entreprise s’est spécialisée dans la collecte et le tri des déchets.
Son responsable précise : « Nous trions les matières pour que chaque type de déchet soit placé dans la catégorie adéquate. Cela facilite le travail des entreprises de transformation, qui reçoivent une matière première prête à l’emploi. Notre objectif est d’étendre nos activités à d’autres wilayas prochainement. »
Cette complémentarité démontre que le recyclage constitue désormais une véritable chaîne de production, où collecte, tri et transformation forment un écosystème cohérent.
Au-delà de son aspect environnemental, le REVADE 2025 a mis en évidence les enjeux économiques de la valorisation des déchets. En remplaçant l’importation par la production locale, ces entreprises réduisent la dépendance extérieure et renforcent l’industrie nationale. Le salon a également servi de plateforme d’échanges entre entrepreneurs, experts, institutions et investisseurs, favorisant la coopération intersectorielle et la circulation d’idées innovantes.





