L’Algérie illustre le modèle ancien de la Chine centré sur les infrastructures, tandis que le Maroc incarne la nouvelle logique orientée vers la valeur et la technologie. Les données du rapport AidData 2025 font du Maghreb un terrain d’observation privilégié pour comprendre la stratégie actuelle de Pékin.
L’Algérie, le modèle du volume
Les investissements chinois en Algérie entre 2000 et 2023 s’élèvent à environ 20 milliards de dollars, principalement dans des projets de logements, de routes, de barrages et d’autres travaux publics. Ce modèle répondait à une double logique : permettre aux entreprises chinoises d’exporter leur savoir-faire excédentaire et renforcer l’influence politique de Pékin dans la région.
Les prêts étaient souvent adossés à des projets spécifiques, illustrant une logique de volume et de visibilité plutôt que de valeur stratégique. Cependant, ce modèle devient progressivement secondaire. La Chine privilégie désormais les investissements à forte valeur ajoutée et stratégiques, et l’Algérie doit identifier les secteurs capables d’attirer ce type de financement pour rester un partenaire attractif.
Le Maroc, laboratoire du pivot stratégique
Le Maroc incarne la nouvelle orientation stratégique de Pékin. Les investissements chinois dans le pays atteignent plusieurs milliards de dollars, principalement dans des secteurs stratégiques tels que la fabrication de batteries pour véhicules électriques, l’exploitation du phosphate et du cobalt, et d’autres industries liées aux technologies vertes.
L’approche n’est plus simplement celle d’un prêt souverain pour financer des infrastructures, mais celle d’un investissement direct stratégique visant à sécuriser les maillons essentiels des chaînes d’approvisionnement mondiales. Le Maroc devient ainsi un exemple régional du pivot global observé par AidData : la priorité est désormais donnée à la compétitivité technologique et à la valeur économique plutôt qu’au volume d’infrastructures.
Ce contraste montre que si l’Algérie illustre le passé des « Nouvelles Routes de la soie », le Maroc représente le futur de la stratégie chinoise, où l’influence se construit par la valeur et la sécurité des chaînes industrielles plutôt que par la visibilité des grands chantiers.