A l’approche de la fête de l’Aïd El Adha, qui aura lieu début du mois de juin prochain, l’appel du roi du Maroc, Mohammed VI, à ne pas sacrifier de moutons cette année 2025, en raison de la sécheresse, commence à faire réagir les marocains qui souhaiteraient malgré tout accomplir le rituel du sacrifice, se posant des interrogations sur les conséquences juridiques du non-respect de l’appel du roi.
Mohammed VI, qui a le statut de « commandeur des croyants » musulmans dans son pays, a appelé, le mois de février passé, la population à ne pas sacrifier le mouton lors de la prochaine fête de l’Aïd, en raison d’une diminution du cheptel liée à la sécheresse qui a fait grimper les prix. « Notre pays affronte des défis climatiques et économiques qui ont eu pour conséquence une régression substantielle du cheptel », a noté le roi dans un discours lu par le ministre des affaires religieuses, le 26 février 2025, à la télévision publique.
Ainsi, le roi a appelé son « peuple à s’abstenir d’accomplir le rite du sacrifice de l’Aïd de cette année », pour la première fois depuis 1996. Le roi Hassan II avait pris une décision similaire pour les mêmes raisons en 1996.
Cette décision soulève actuellement de nombreuses interrogations sur le cadre légal applicable, notamment pour ceux qui souhaiteraient malgré l’appel, accomplir le rituel du sacrifice. Si l’appel royal est largement diffusé, une zone d’ombre juridique persiste, s’agit-il d’un simple appel ou bien c’est une interdiction légale ?
A deux semaines de la fête, les internautes marocains s’interrogent sur les sanctions que pourraient subir ceux qui décideraient, malgré tout, d’acquérir et d’égorger un mouton le jour de l’Aïd.
Sur les réseaux sociaux, des rumeurs circulent sur l’existence de sanctions allant de 1.000 à 5.000 dirhams d’amende pour les contrevenants. Mais pour l’heure, aucune autorité officielle n’a confirmé ni infirmé ces informations.
Le Maroc vit, effectivement, une crise environnementale majeure, notamment la sécheresse sévère qui touche le pays. Ce dernier fait face à sa septième année consécutive de sécheresse, ce qui a entraîné une diminution du cheptel de 38 % en un an.
Pour certains observateurs, dans ce contexte de crise climatique, une suspension du sacrifice de l’Aïd pourrait être une mesure de préservation des ressources et une tentative de limiter la pression sur les ressources agricoles et en eau. Les environnementalistes, quant à eux, soutiennent également la décision du roi, car cela aidera, selon eux, à préserver l’eau et à réduire l’impact écologique de la pratique du sacrifice.
Mais d’un autre côté, le sacrifice des moutons à l’occasion de l’Aïd El-Adha est une pratique religieuse fondamentale pour de nombreux musulmans. Certains pratiquants, vivant au Maroc, considèrent cette interdiction comme une ingérence dans leur liberté religieuse.