Alors que quelques signaux encourageants laissaient espérer un apaisement, la condamnation de Boualem Sansal vient brutalement compromettre la fragile dynamique diplomatique entre Paris et Alger qui se jouait depuis quelques jours.
Dans ce contexte de guerre froide entre les deux Etats, la France tente de maintenir une posture diplomatique équilibrée. Par la voix de Macron, elle affirme son soutien à l’écrivain tout en ménageant la susceptibilité algérienne. “Je souhaite vivement qu’il puisse y avoir une décision humanitaire”, a déclaré le président français.
Cette stratégie de communication prudente trouve echo au Quai d’Orsay, conscient de la sensibilité du dossier. L’appel à “une issue rapide et digne” masque en réalité un rapport de force où l’Algérie entend réaffirmer sa pleine souveraineté judiciaire.
Au cœur de cet enième bras de fer diplomatique, Sansal incarne plus qu’un simple cas individuel. Figure controversée et désormais naturalisé français, il paie probablement son positionnement critique. Sa condamnation pour “atteinte à l’unité nationale” à une peine de cinq ans de prison ferme, traduit une volonté claire de neutraliser toute voix considérée comme dissidente.
Mais pour Alger, ce procès dépasse la simple affaire individuelle. Il symbolise la capacité de l’État à protéger son intégrité face aux pressions extérieures, qu’elles viennent de l’ancien colonisateur ou d’intellectuels considérés comme des “voix dissidentes”.
La diplomatie française se retrouve ainsi contrainte de naviguer sur des eaux étroites, entre respect de l’ordre juridique algérien et défense des principes de liberté d’expression. “Je sais pouvoir compter sur le bon sens et l’humanité des autorités algériennes”, a assuré Macron, laissant entrevoir une possible négociation en coulisses.
Yasser K.