Les dépenses pharmaceutiques de la Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (CNAS) ont atteint 300 milliards de dinars en 2024. Ce montant représente près de la moitié du budget total de 630 milliards de dinars consacré par l’institution à l’ensemble des prestations sociales.
Ces données ont été dévoilées récemment par Abdelhafid Jeghri, directeur des prestations à la CNAS, au cours de son passage à la radio nationale. Le poste « remboursement des médicaments » s’impose désormais comme la première dépense de la sécurité sociale, dépassant les autres risques couverts comme la maladie, la maternité, l’invalidité, le décès, les accidents du travail et les maladies professionnelles.
Outre les 298 milliards de dinars consacrés aux médicaments, la CNAS a versé 550 milliards de dinars sous forme d’indemnités diverses, à savoir remboursements des congés de maladie, accidents du travail, congés de maternité et autres prestations. S’y ajoutent 150 milliards de dinars de cotisations obligatoires prises en charge par la caisse dans le cadre du financement des services de santé publique.
Cette proportion considérable s’explique par l’évolution du profil sanitaire des 30 millions de bénéficiaires du système, assurés sociaux et ayants droit compris. Les pathologies chroniques, qui touchent désormais 5,8 millions de patients, génèrent des traitements coûteux qui pèsent durablement sur les finances de la caisse.
La digitalisation pour contrôler les dépenses
Face à cette envolée des coûts pharmaceutiques, la CNAS a engagé une transformation numérique de ses services. L’institution a lancé la deuxième version de la carte de soins, équipée de fonctionnalités de sécurisation renforcées. Dix-sept millions de cartes ont été distribuées aux personnes atteintes de maladies chroniques et à leurs ayants droit.
Cette carte numérique permet de tracer plus précisément la consommation de médicaments et d’identifier les éventuels abus. Les plateformes digitales mises en place facilitent l’accès aux services pour les citoyens, conformément aux orientations des autorités, tout en renforçant les contrôles.
Rationaliser l’usage des fonds publics
Dans ce contexte de modernisation, Jeghri a souligné que les 630 milliards de dinars de dépenses annuelles concernent des fonds publics qui doivent être utilisés rationnellement. Le responsable a appelé à surveiller les opérations de dépenses, citant notamment l’usage excessif de médicaments et leur utilisation sans droit légitime.
“Ces contrôles et suivis ne visent pas à réduire les avantages et droits des citoyens, mais à limiter l’usage excessif de ces prestations”, a précisé le directeur des prestations. L’objectif consiste à préserver les droits des bénéficiaires tout en maintenant l’équilibre financier du système.
Cette situation pousse la caisse à moderniser ses outils de gestion et à renforcer ses mécanismes de contrôle. La numérisation des services constitue un levier pour optimiser l’utilisation de ces fonds publics considérables, tout en préservant la qualité de la couverture sociale offerte aux citoyens algériens.