La 21e édition du Salon International de l’Agriculture, de l’Élevage et de l’Agro-industrie (SIPSA) a été officiellement inaugurée ce lundi 26 mai à la SAFEX (Société algérienne des foires et exportations), sous la houlette du ministère de l’Agriculture et du Développement durable. La cérémonie d’ouverture s’est tenue en présence de trois autres ministres, soulignant l’importance stratégique de l’événement. Treize pays y participent, avec une mise à l’honneur particulière pour l’Italie, invitée d’honneur.
Cette édition connaît une affluence remarquable des exposants, notamment des entreprises nationales en quête de nouveaux débouchés commerciaux. Les petites entreprises, nombreuses à occuper les stands répartis dans les deux pavillons du palais des expositions, témoignent de cette volonté de dynamisation économique. La cour extérieure a même été aménagée pour accueillir de grandes marques spécialisées dans les engins agricoles, tels que les tracteurs et autres équipements de pointe.
Lors de son discours inaugural, le ministre de l’Agriculture, aux côtés du président du salon, a mis en avant la sécurité alimentaire comme pilier fondamental de la souveraineté nationale. Il a appelé à « maintenir les efforts communs entre les entreprises nationales et les producteurs pour révolutionner l’agriculture nationale, en partenariat avec les pays voisins et ceux partageant la vision de l’Algérie. »
Un exposant, fabricant de matériel industriel pour l’aviculture, souligne l’importance de tels rendez-vous : « Des rencontres similaires sont très utiles pour nous en tant qu’exposants. C’est une occasion de contact direct avec de nouveaux clients, et même avec des responsables du gouvernement. »
Les matières premières, principal frein à la compétitivité
Cependant, les échanges ont également mis en lumière plusieurs obstacles majeurs, notamment liés à l’approvisionnement en matières premières.
Chez Aviagen, entreprise spécialisée dans la production de viande de poulet, d’œufs et de dinde, le constat est sans appel. « L’augmentation de nos produits ces derniers temps est due au prix élevé des aliments. Si nous disposons des ingrédients pour leur préparation, nous pourrons assurer une indépendance totale de production dans cette filière », explique Ouali Saïd Elhadj, représentant officiel de l’entreprise.
Même constat pour Soummam Cooling, société de fabrication de matériel avicole basée à Béjaïa. Malgré une production locale performante, elle se heurte à la concurrence de produits importés : un déséquilibre qui menace sa viabilité sur le marché national.
Chez ALVER, filiale du groupe Condor spécialisée dans les formes en verre, la problématique est identique. Le responsable pointe la rareté des matières premières importées comme frein principal à la continuité de leur production.
L’huile d’olive, une filière d’avenir
L’oléiculture s’affirme comme un secteur en pleine croissance. Plusieurs huileries ont exposé des produits de qualité, témoignant de la vitalité de cette filière. L’entreprise Djuha, basée à Sétif, joue un rôle clé en important du matériel pour huileries automatiques. « Nous assurons l’installation de nos équipements partout en Algérie, avec une technologie allemande et des matériaux importés d’Égypte. Nous possédons le savoir-faire pour fabriquer ces machines, mais cela nécessite un investissement énorme », confie Mustapha Nasri, responsable exclusif.
Ce dernier précise que l’entreprise a investi dans la culture de l’olivier dans plusieurs wilayas, avec le soutien de l’État, pour créer une filière complète de production d’huile d’olive à base d’une industrie locale.
Une coordination encore à construire
Enfin, plusieurs acteurs présents au salon s’accordent à dire que le manque de coordination entre entreprises nationales demeure un frein majeur au développement de l’économie algérienne. Encourager les échanges, créer des synergies et renforcer la complémentarité entre les différents acteurs sont autant de pistes à explorer pour assurer la croissance durable du secteur agroalimentaire.
Le SIPSA s’impose ainsi non seulement comme une vitrine des savoir-faire locaux, mais surtout comme un lieu stratégique de dialogue, d’échange et de construction de partenariats pour répondre aux enjeux cruciaux de la souveraineté alimentaire et de la modernisation agricole.