Sommet de Brazzaville : l’Afrique pétrolière veut sa propre banque

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Sommet de Brazzaville : l’Afrique pétrolière mise sur sa propre banque pour reprendre la main

Par Yasser K
4 novembre 2025
Yaoundé, 1er novembre 2024 - Le Conseil des ministres de l'APPO lors de sa 46e session ordinaire. Les participants ont confirmé le lancement opérationnel de la Banque africaine de l'énergie en 2025. (DR)

Deux ans après son lancement, la Banque africaine de l’énergie (BAE) commence à prendre forme. Dotée d’un capital initial de 5 milliards de dollars, cette institution créée en 2022 par l’Organisation africaine des pays producteurs de pétrole (APPO) et la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) entend permettre au continent de financer ses projets énergétiques sans dépendre des bailleurs occidentaux, qui se détournent des hydrocarbures.

C’est dans ce contexte que s’est ouvert ce mardi à Brazzaville la 48ᵉ session du Conseil des ministres de l’APPO, présidée par le Congolais Bruno Jean Richard Itoua. Les représentants de dix-huit États membres, dont le ministre algérien de l’Énergie Mohamed Arkab accompagné du PDG de Sonatrach Noureddine Daoudi et du président de l’Autorité de régulation des hydrocarbures Amine Remini, se retrouvent pour consolider ce projet stratégique face aux mutations du secteur.

Un projet qui se concrétise

L’accord de création a été signé au Caire en juin 2024. La Côte d’Ivoire l’a ratifié en juillet dernier, ce qui représente une avancée importante mais le lancement opérationnel reste prévu pour 2025-2026. Entre-temps, la banque continue de lever des fonds. Afreximbank s’est engagée à mobiliser jusqu’à 19 milliards de dollars supplémentaires. Les derniers chiffres indiquent que 45% du capital initial a été réuni, ce qui montre l’adhésion des États membres mais aussi les difficultés à rassembler rapidement des sommes aussi importantes.

Cette banque répond à une urgence. Les institutions financières occidentales se retirent progressivement du secteur des énergies fossiles au nom de la transition climatique. Les pays africains producteurs refusent cette logique qui leur impose de renoncer à leurs ressources alors qu’ils n’ont pas les moyens de se passer de ces revenus. Ils veulent exploiter leurs gisements tout en pilotant eux-mêmes leur transition énergétique, à leur rythme et selon leurs besoins.

Des réformes et un nouveau leadership

Les ministres vont aussi examiner le bilan 2025 de l’organisation et adopter le budget de l’année prochaine. Une réforme institutionnelle doit être votée pour renforcer l’efficacité de l’APPO. La nomination d’un nouveau secrétaire général figure également au programme de cette session qui s’annonce décisive.

Brazzaville accueille en parallèle, du 4 au 7 novembre, le 4ᵉ Congrès africain sur le contenu local. Le président Denis Sassou Nguesso a placé cet événement sous son patronage. Les entreprises africaines veulent prendre une place plus importante dans l’exploitation pétrolière et gazière, un secteur encore largement dominé par les multinationales étrangères et les prestataires venus d’ailleurs.

L’APPO existe depuis 1987. L’Algérie compte parmi ses membres fondateurs. L’organisation regroupe aujourd’hui les grands producteurs du continent comme le Nigeria, l’Angola, la Libye ou l’Égypte. Sa mission consiste à coordonner les politiques pétrolières africaines dans un marché mondial chamboulé par les questions climatiques et la volonté des Occidentaux d’accélérer la sortie des fossiles.

Le sommet de Brazzaville montre que l’Afrique pétrolière veut garder la main sur son destin énergétique. La création de la Banque africaine de l’énergie en est le symbole le plus concret, même si sa mise en place prend plus de temps que prévu.

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