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Hydrocarbures

Sonatrach : l’offensive de charme de Saïd Sahnoun

Par Yacine Temlali
13 octobre 2014
Sonatrach veut convaincre ses partenaires que concernant la production pétro-gazière algérienne, la tendance s'est inversée.

Sonatrach a mangé son pain noir : c’est l’image que veut donner de cette compagnie son nouveau PDG, qui promet une reprise de la production, évoque sans complexe l’exploitation du gaz de schiste et minimise ses retombées sur l’environnement en assurant que la fracturation hydraulique est déjà utilisée dans les puits conventionnels.

 

 

Sonatrach s’est lancée dans une offensive de charme pour restaurer son image, convaincre de la validité de ses projets et baliser le terrain afin d’aller vers la production de gaz de schiste à moyen terme. Soumise à une forte pression en raison d’une conjoncture défavorable, avec une production à la baisse, des prix en berne, des choix contestés et une image écornée par les scandales, la compagnie publique, qui fournit le tiers du PIB de l’Algérie, a choisi de montrer sa force et ses assurances, en développant un argumentaire très élaboré.

Son nouveau PDG, Saïd Sahnoun, a choisi la conférence sur les ressources non conventionnelles, qui se tient à Oran, pour présenter ses projets, en insistant sur le volet technique tout en évitant les sujets qui fâchent. Pas un mot sur les scandales et les difficultés de la gestion interne de la compagnie. Par contre, il s’est montré très à l’aise sur les autres sujets. D’ores et déjà, il annonce une reprise de la production en 2014, avec une progression de cinq pour cent sur les neuf premiers mois par rapport à 2013. Deux trains de production de Tiguentourine, le site ciblé par une attaque terroriste en janvier 2013, sont en production, et le troisième le sera avant la fin de l’année, a-t-il assuré, en phase avec son ministre Youcef Yousfi, qui annonce une augmentation de la production de 40% sur cinq ans, et un doublement dans dix ans.

 

La tendance s’est inversée

 

Sonatrach enregistre déjà une « inversion de la tendance », et « les choses se remettent en place », a déclaré M. Sahnoun. Sur le plan des recettes, il prévoit, toutefois, une année autour de 60 milliards de dollars, ce qui constituerait un léger recul par rapport à 2013, en raison notamment de la baisse des prix. Mais cela n’empêche pas Sonatrach de maintenir ses grands projets d’investissement, avec 3 milliards de dollars pour la recherche et l’exploration durant le prochain quinquennat, 3,5 milliards pour le transport et 10 milliards pour d’ambitieux projets dans la pétrochimie.

Le développement de la pétrochimie sera, d’ailleurs, un des grands enjeux de l’exploitation du gaz de schiste. Selon M. Sahnoun, « ceux qui réussissent » dans les hydrocarbures non conventionnels « ne sont pas ceux qui produisent du gaz sec » mais « ceux qui produisent du gaz humide, pour récupérer toute la partie condensat et GPL ». Il s’agit de « produits hautement valorisants, qui permettent d’amortir et de réduire sensiblement les coups. C’est un volet à ne pas négliger », a-t-il dit.

 

« Ne pas prendre de retard »

 

En tout état de cause, l’Algérie doit « tirer profit du potentiel de croissance disponible », a déclaré M. Sahnoun. pour qui il faut préparer le terrain dès aujourd’hui pour le gaz de schiste, qui a permis aux Etats-Unis de multiplier leur production par dix : aujourd’hui, il s’agit « d’apprécier, évaluer, et éventuellement développer ces ressources » et le faire dans dix ans ou quinze ans, « c’est l’erreur à ne pas commettre».

Du reste, les techniques utilisées ne sont pas si nouvelles, a expliqué le PDG de Sonatrach : on change seulement d’échelle. Sonatrach maîtrise déjà les puits horizontaux, car « 60 à 70% » des puits forés dans la région de In Salah sont horizontaux, a t-il indiqué. Quant à la fracturation hydraulique, si décriée, elle est déjà pratiquée dans les puits conventionnels et pour le gaz de schiste, on change seulement d’échelle, avec dix à douze opérations de fracturation, au lieu d’une seule pour le conventionnel. La protection de l’environnement sera assurée, selon lui, par trois facteurs : la distance entre le forage et les nappes d’eau, le respect des procédures, et « la qualité de l’ouvrage ».

Sonatrach a déjà foré un puits dédié aux ressources non conventionnelles, à 20 kilomètres de In Salah, et deux autres sont en projet. Cependant, pour M. Sahnoun, il ne s’agit pas encore de produire mais de « collecter des données », un travail qui se fait en coopération avec de grandes compagnies, avec lesquelles cinq contrats de coopération ont été conclus. En parallèle, Sonatrach mène ses propres efforts, pour mieux connaître ses réserves, considérées comme les troisièmes au monde.

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