8 milliards de m³ de gaz partent en fumée chaque année en Algérie, privant le pays de 3,4 milliards de dollars de revenus. Un gaspillage qui perdure malgré les objectifs de réduction et la pression concurrentielle.
L’Algérie brûle chaque année l’équivalent de 8 milliards de mètres cubes de gaz naturel, une pratique qui représente un manque à gagner considérable pour l’économie nationale. Si cette tendance s’améliore progressivement depuis 2015 (-17% en dix ans), le pays reste le champion africain du torchage gazier, gaspillant une ressource énergétique qui pourrait générer des revenus substantiels.
Avec un prix moyen du gaz naturel oscillant entre 28 et 44 euros/MWh sur les marchés européens en 2024 (soit environ 9 à 14 dollars par million de BTU), les 8 milliards de m³ torchés représentent une perte économique estimée à environ 3,4 milliards de dollars annuels. Une manne financière qui échappe à Sonatrach et aux finances publiques algériennes, alors que le pays cherche à diversifier ses sources de revenus.
Cette situation contraste avec la stratégie énergétique nationale : l’Algérie investit massivement dans de nouveaux projets d’exploration et de production pour augmenter ses capacités d’exportation, tout en laissant échapper l’équivalent de 8% de sa production gazière actuelle de 94,7 milliards de m³.
Pendant que l’Algérie stagne, ses concurrents régionaux évoluent différemment. La Libye a réduit son torchage de 8% en 2024, tandis que le Nigeria l’a augmenté de 12%. À l’inverse, l’Égypte a divisé par trois ses volumes torchés depuis 2015, libérant des capacités supplémentaires pour l’exportation. Cette différence de performance pourrait peser dans la balance commerciale : les pays qui valorisent mieux leurs ressources gazières disposent d’avantages concurrentiels durables sur les marchés d’exportation, notamment européens où la demande reste soutenue.
Le coût de l’inaction pour l’économie algérienne
Au-delà du manque à gagner direct, le torchage pénalise la compétitivité industrielle algérienne. Les 8 milliards de m³ perdus pourraient alimenter des complexes pétrochimiques, des usines d’engrais ou des centrales électriques, créant de la valeur ajoutée et des emplois sur le territoire national.
L’impact sur l’attractivité énergétique du pays n’est pas négligeable. Dans un contexte où l’Europe recherche des fournisseurs fiables pour sécuriser ses approvisionnements, la capacité à valoriser intégralement ses ressources devient un argument commercial décisif.
La réduction du torchage nécessite des investissements lourds : infrastructures de captage, stations de compression, unités de traitement. Mais l’équation économique reste favorable. Les technologies de réinjection et de valorisation sur site affichent des temps de retour sur investissement de 3 à 5 ans, selon les experts du secteur.
Valoriser le gaz torché, un impératif de compétitivité
L’adhésion de l’Algérie à l’initiative « Zero Routine Flaring by 2030 » témoigne d’une volonté politique, mais la traduction opérationnelle tarde. Les incitations fiscales et les partenariats technologiques restent insuffisants pour accélérer la dynamique.
Pour l’Algérie, réduire le torchage n’est plus seulement une question environnementale mais un impératif économique. Chaque milliard de m³ récupéré représente des centaines de millions de dollars de revenus supplémentaires et renforce la position du pays sur l’échiquier énergétique mondial.