Le groupe public algérien Sonatrach a franchi une nouvelle étape stratégique en matière d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures. Dans le cadre de l’appel d’offres international « Algeria Bid Round 2024 », cinq contrats pétroliers et gaziers ont été signés, ce lundi 21 juillet avec des partenaires internationaux, déjà présélectionnés dans l’appel d’offre international lancé en 2024.
Ces accords, couvrant plusieurs bassins prometteurs du sud algérien – notamment Berkine, Ahnet-Gourara, Reggane et Illizi – mobiliseront à court terme un investissement initial d’environ 600 millions de dollars, exclusivement alloué aux phases d’exploration.
Un contrat stratégique entre Sonatrach et ENI sur Zemoul El Kbar
Le plus emblématique de ces accords reste celui signé le 7 juillet 2025 entre Sonatrach et la major italienne ENI, concernant le périmètre de Zemoul El Kbar dans le bassin de Berkine (wilaya de Ouargla). Il s’agit d’un contrat de partage de production (PSC) d’une durée initiale de 30 ans, prolongeable de 10 années supplémentaires. La phase de recherche, quant à elle, s’étend sur une période de sept ans.
Le programme d’investissement prévu atteint 1,35 milliard de dollars, dont 110 millions de dollars sont réservés à la recherche géologique et au forage de puits exploratoires. L’objectif est de forer plus de 100 puits et d’exploiter pleinement le potentiel pétro-gazier du bloc. Les prévisions tablent sur une production cumulée de 415 millions de barils équivalent pétrole (BEP) et 9,3 milliards de mètres cubes de gaz naturel sur la durée du contrat.
Ce partenariat met un accent particulier sur l’utilisation de technologies de pointe, incluant des solutions numériques pour l’optimisation de la récupération secondaire, le contrôle en temps réel des installations, et une meilleure gestion environnementale. Le projet ambitionne d’atteindre un taux de récupération supérieur à 55 %, tout en intégrant une forte composante de contenu local, favorisant les entreprises algériennes et le transfert de compétences.
Diversification des partenariats internationaux
Outre ENI, Sonatrach a scellé des accords avec d’autres groupes majeurs, soulignant l’attractivité renouvelée du secteur énergétique algérien :
- Sinopec (Chine) : développement du périmètre Guern El Guessa 2, dans le bassin de Berkine.
- Consortium ENI – PTTEP (Thaïlande) : développement du bloc Reggane 2, situé dans la wilaya d’Adrar.
- ZPEC (Zhongman Petroleum, Chine) : exploration du périmètre Zerafa 2.
- QatarEnergy et TotalEnergies : partenariat sur le site stratégique d’Ahara, dans la wilaya d’Illizi.
Ces accords, conclus sous des formules variées – joint-ventures, contrats de partage de production et partenariats techniques – confirment l’intérêt croissant des compagnies étrangères pour le potentiel inexploité des bassins algériens. Ils traduisent aussi une politique énergétique tournée vers la diversification des acteurs et la valorisation du cadre juridique rénové instauré par la loi sur les hydrocarbures de 2019.
Une dynamique soutenue de découvertes et d’exportations
Depuis janvier 2025, quatorze nouvelles découvertes d’hydrocarbures ont été enregistrées par Sonatrach, illustrant une dynamique d’exploration très active. Ce rythme dépasse celui observé en 2023, contribuant directement au renouvellement des réserves nationales.
Sur le volet commercial, le groupe a conclu seize contrats d’exportation d’hydrocarbures en 2024, notamment en direction de l’Europe et de l’Asie. Parallèlement, des projets structurants sont en cours pour développer les filières énergétiques émergentes, telles que l’hydrogène vert, ainsi que les interconnexions électriques vers le marché européen, notamment via l’Italie et l’Espagne.
Montée en compétence et transition énergétique
Consciente des défis liés à la transition énergétique mondiale et à la volatilité des marchés pétroliers, Sonatrach poursuit un plan ambitieux de modernisation. Celui-ci passe par l’intégration des énergies renouvelables, la digitalisation des opérations et la montée en compétence de ses effectifs. Des programmes de formation technique avancée, souvent menés en partenariat avec des groupes comme ENI, TotalEnergies ou Baker Hughes, renforcent cette stratégie.