La compagnie publique algérienne Sonelgaz, par l’intermédiaire de sa filiale Sonelgaz Production d’Électricité (SPE), a exécuté de manière jugée « inattendue » par la partie espagnole des garanties bancaires d’un montant de 54,8 millions d’euros liées au projet de la centrale électrique à cycle combiné de Djelfa.
L’information a été confirmée le 5 novembre 2025 par Duro Felguera, dans un communiqué adressé à la Commission nationale du marché des valeurs (CNMV) et relayé par plusieurs médias espagnols. Cette décision intervient alors même qu’un accord de règlement à l’amiable avait été signé en avril 2025 entre Duro Felguera et Sonelgaz, visant à clore le différend né du projet de Djelfa. Cet accord prévoyait la cession du contrat à un consortium chinois, mené par China Power Engineering & Consulting Group International Engineering, et la résolution des litiges en cours, notamment l’arbitrage international engagé par Sonelgaz Production d’Électricité.
Un différend ancien autour du projet de Djelfa
Le contrat initial avait été signé en février 2014 pour la conception et la construction d’une centrale à cycle combiné d’une puissance d’environ 1 200 MW, pour un montant estimé à 544 millions d’euros. Le délai d’exécution prévu était d’environ quarante mois. Cependant, des retards répétés et des modifications techniques ont conduit à la suspension du chantier en juin 2024, Duro Felguera invoquant des « causes non imputables à l’entreprise » et des changements majeurs dans les conditions contractuelles.
À la suite de cette suspension, Sonelgaz et sa filiale SPE ont engagé une procédure d’arbitrage international, réclamant à Duro Felguera une indemnisation de 413 millions d’euros pour le non-achèvement du projet. L’entreprise espagnole contestait ces exigences, estimant que des contraintes externes et des décisions du client avaient empêché l’exécution du contrat dans les délais.
Un protocole d’accord suivi d’une exécution de garantie
En avril 2025, après plusieurs mois de négociations, les deux parties ont annoncé la signature d’un memorándum d’entente, présenté comme une étape vers une sortie de crise. Duro Felguera avait alors souligné que ce protocole « met fin aux contentieux existants » et ouvre la voie à une collaboration avec un partenaire chinois pour achever le projet de Djelfa. Affirmation prématuré, puisque la société espagnole a annoncé, le 5 novembre 2025, que Sonelgaz Production d’Électricité avait procédé à l’exécution des avals bancaires (garanties) à hauteur de 54,8 millions d’euros.
Selon le communiqué officiel de Duro Felguera, cette exécution est survenue « de manière inattendue » alors que « des discussions sur la mise en œuvre de l’accord d’avril étaient encore en cours ». L’entreprise précise toutefois que ces montants étaient déjà provisionnés dans ses comptes et que la mesure n’affectera pas sa procédure de restructuration judiciaire en Espagne.
Logique de protection
Sonelgaz n’a pas encore communiqué officiellement sur le sujet. Les médias espagnols soulignent que l’opération ne vise pas nécessairement à récupérer des fonds versés, mais qu’il s’agit plutôt de l’activation d’un mécanisme contractuel prévu en cas de manquement, de retard ou de désaccord sur les obligations de performance. Pour Sonelgaz, cette mesure s’inscrit dans une logique de protection de ses intérêts dans un projet stratégique pour le réseau électrique national. Pour Duro Felguera, elle représente un revers significatif, dans un contexte déjà marqué par une restructuration financière délicate et des difficultés à regagner la confiance des marchés.





