Premier collecteur et transformateur de lait frais en Algérie, le groupe a bâti en trente ans un outil industriel solide. Mais à l’export, les barrières douanières européennes et les contraintes logistiques lui barrent la route.
Avec 2 500 tonnes de produits laitiers frais qui sortent chaque jour de ses usines -yaourts, laits, boissons lactées, fromages frais et fondus-Soummam domine le marché algérien. Le groupe s’appuie sur un réseau de 7 000 éleveurs et 55 centres de collecte disséminés sur le territoire, auxquels s’ajoutent ses propres fermes pilotes.
“Nous avons construit un projet intégré couvrant toute la filière, de l’élevage au produit fini”, explique Djamel Allilat, responsable de la communication du groupe. Le taux d’intégration atteint environ 45 %, niveau encore rare dans l’agroalimentaire algérien, où la dépendance aux importations reste la norme.
Vingt ans d’export, des débouchés limités
Soummam exporte depuis deux décennies. Les produits du groupe ont d’abord trouvé preneurs dans le Golfe, puis en Libye. Aujourd’hui, les expéditions se concentrent sur Tripoli et le Canada.
D’autres marchés seraient accessibles -Moyen-Orient, Europe, Amérique, Afrique. “Nous disposons de toutes les capacités nécessaires”, assure Allilat. Le problème, c’est la logistique. Les produits ultra-frais du groupe se conservent environ trente jours, ce qui exclut le transport maritime. Reste le fret aérien, mais il faudrait un soutien de l’État pour maintenir des prix compétitifs.
L’Europe achète, mais n’importe pas
Le marché européen illustre le blocage. “Nous faisons face à des barrières douanières qui empêchent l’entrée des produits laitiers algériens, en raison des accords d’association”, déplore Allilat. L’Algérie importe massivement poudre de lait et génisses du Vieux Continent, mais ne peut y écouler ses produits transformés.
“Nous avons la qualité, les capacités de production et des prix compétitifs pour conquérir ces marchés”, insiste le responsable, qui compte sur les renégociations en cours entre Alger et Bruxelles. Pour l’heure, la porte reste fermée.
Faute de percée à l’export, Soummam poursuit sa stratégie d’intégration verticale. Le groupe a récemment acquis une exploitation de 2 000 hectares à Ouargla, dans le Sud algérien. Objectif : produire du blé et du fourrage pour nourrir son cheptel laitier.
“Nous sommes engagés dans deux filières stratégiques pour le pays, le lait et le blé”, résume Allilat. De nouvelles fermes sont prévues pour réduire encore la dépendance à la poudre de lait importée.