Le groupe SONATRACH a annoncé l’entrée en exploitation à pleine capacité de la station de dessalement d’eau de mer de Tighremt, située dans la commune de Toudja (wilaya de Béjaïa), avec une production nominale de 300 000 m³ par jour. Cette annonce intervient après l’achèvement des protocoles techniques entamés depuis la mise en service initiale de l’installation en juin 2025, à l’issue d’une phase de montée progressive en puissance menée selon les normes internationales de sécurité et d’efficacité des équipements.
Cependant, sur le terrain, cette capacité demeure pour l’essentiel théorique. Les infrastructures actuelles de transfert d’eau au niveau de la wilaya de Béjaïa ne permettent pas, à l’heure actuelle, d’acheminer de tels volumes vers les zones de consommation. L’insuffisance et la vétusté des canalisations internes limitent fortement les débits réellement mobilisables. Cette contrainte a été reconnue publiquement par les autorités de la wilaya de Béjaïa, récemment, sur les ondes de la radio locale.
Par ailleurs, les projets de transfert d’eau dessalée vers les wilayas avoisinantes, notamment Sétif, Bouira et Bordj Bou Arreridj, ne sont pas encore livrés. Les réseaux d’interconnexion destinés à assurer ces flux régionaux restent en chantier ou en attente de réception, empêchant toute exploitation effective à l’échelle annoncée.
Réalisée par l’Entreprise Nationale des Canalisations (ENAC), filiale de SONATRACH, la station de Tighremt fait partie des cinq unités prévues dans le cadre du premier programme national complémentaire de dessalement lancé en 2022 sur instruction du président Abdelmadjid Tebboune, avec pour objectif le renforcement rapide de la sécurité hydrique nationale.
En réalité, la station ne pourra pas fonctionner à plein régime tant que ne seront pas achevées la réhabilitation d’une grande partie du réseau de distribution de la wilaya de Béjaïa et la livraison des projets de transfert interwilayas. À ce stade, l’outil industriel existe, mais demeure sous-exploité, faute d’infrastructures de distribution adaptées.
Cette situation illustre une nouvelle fois le décalage persistant entre la réalisation d’ouvrages majeurs et l’achèvement des réseaux annexes indispensables à leur pleine valorisation. Si l’investissement industriel est effectif, sa rentabilité sociale et opérationnelle reste conditionnée à la mise à niveau des canalisations et à la finalisation des interconnexions régionales, sans lesquelles les 300 000 m³ annoncés restent, pour l’instant, un objectif plus qu’une réalité.