Le lancement des sukuk souverains, initialement prévu pour novembre 2025, est officiellement décalé au début de l’année 2026. Le gouvernement attendait l’adoption de la loi de finances 2026 pour sécuriser juridiquement l’opération. Le texte est désormais voté par les deux chambres, ce qui ouvre l’accès au domaine privé de l’État, indispensable à la structuration des certificats islamiques.
L’information a été confirmée lors des débats au Conseil de la nation. Le représentant du gouvernement y a indiqué que le premier emprunt souverain en sukuk ne pourrait démarrer qu’en 2026, actant ainsi l’abandon du calendrier initial qui prévoyait une émission dès le 2 novembre 2025.
L’État avait pourtant préparé le terrain : un emprunt d’environ 297 milliards de dinars, soit 2,3 milliards de dollars, sous forme de sukuk ijara, avec un rendement fixe de 6% sur sept ans. L’opération, destinée exclusivement aux citoyens algériens résidents ou expatriés, devait s’étaler sur deux mois. L’enjeu reste le même : attirer une part de l’épargne informelle, évaluée à plusieurs milliers de milliards de dinars, pour réduire la pression sur un budget déficitaire de plus de 10% du PIB.
Jusqu’ici, la loi n’autorisait que des sukuk adossés au domaine public de l’État, un patrimoine par nature inaliénable. Or, un sukuk doit être lié à un actif réel pouvant faire l’objet d’une cession ou d’un usufruit temporaire. Sans modification législative, le montage restait impossible.
Un cadre juridique enfin prêt
La loi de finances 2026, désormais adoptée, lève cet obstacle. Elle permet de mobiliser le domaine privé de l’État : terrains, bâtiments, participations publiques, infrastructures productives. Des biens qui offrent une base compatible avec la structure des sukuk ijara. Le texte ajoute aussi des avantages fiscaux : exonération d’impôt sur le revenu et sur les bénéfices pour les produits et plus-values générés, à condition que les titres aient une durée minimale de cinq ans et soient émis entre 2026 et 2030.
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Le report n’est donc pas un simple contretemps parlementaire. Il reflète une prudence du Trésor, soucieux d’éviter un lancement précipité qui affaiblirait la crédibilité d’un instrument appelé à s’installer durablement dans la politique de financement de l’État. Les institutions financières internationales rappellent depuis plusieurs mois que l’Algérie doit diversifier ses sources de financement pour contenir la dette publique sous les 60% du PIB à moyen terme. Les sukuk font partie des outils identifiés.
Ce glissement vers 2026 s’inscrit aussi dans la montée en puissance progressive de la finance islamique en Algérie. Après l’ouverture de guichets dédiés dans les banques publiques et la commercialisation de produits conformes à la charia, les sukuk souverains doivent donner une profondeur de marché à ce segment. En cas de succès, d’autres émissions -plus importantes, voire à portée internationale -pourraient suivre.