Comparée à ses voisins maghrébins, l’Algérie demeure de loin le pays où les prix du tabac connaissent une augmentation significative depuis quelques années.
Depuis l’adoption de la loi de finances 2025, l’Algérie a procédé à une hausse significative des prix du tabac. Selon les nouvelles dispositions contenues dans les derniers arrêtés ministériels publiés au JORA du 22 Avril dernier et portant publication des prix de vente des cigarettes de la société British American Tobacco SPA « BAT », des prix de vente des cigarettes de la société Algéro-Emiratie SPA « STAEM » et les prix de vente des cigarettes et du tabac à priser de la société United Tobacco Company SPA « UTC », les augmentations oscillent entre 20 et 30 %, selon les marques. A titre d’exemple, un paquet de cigarette, de marque locale ou importée qui coûtait 200 Da est passé à 230 ou 250 DA le paquet. Dans certains cas, le prix passe presque au double. Cette hausse s’inscrit, selon les autorités, dans une stratégie globale de santé publique et de lutte contre le tabagisme, tout en répondant à des impératifs budgétaires. Elle vise à dissuader la consommation, tout en augmentant les recettes fiscales pour l’État, qui cherche à financer ses programmes de santé et de prévention. Les autorités algériennes justifient cette augmentation par la nécessité de réduire la prévalence du tabagisme, qui demeure un problème de santé publique majeur dans le pays. D’après certaines statistiques, la prévalence du tabagisme chez les adultes en Algérie est estimée à environ 30%. Le tabac est largement consommé, notamment sous forme de cigarettes traditionnelles. La consommation est plus élevée chez les hommes que chez les femmes.
A titre comparatif, au Maroc, la prévalence est légèrement inférieure, autour de 25%, avec une tendance à la baisse grâce à des campagnes de sensibilisation et à une législation renforcée. Optant pour une approche graduelle, le Maroc a également procédé à une augmentation des taxes, mais à un rythme plus modéré, avec une hausse d’environ 10 à 15 %. En Tunisie, la consommation de tabac touche environ 20-22% de la population adulte, avec une forte utilisation du narguilé, surtout chez les jeunes. Comme au Maroc, elle a maintenu une politique de hausse progressive des prix, avec une augmentation d’environ 10 % en 2024. Le prix d’un paquet de cigarettes tourne autour de 8 à 10 dinars tunisiens (environ 2,5 à 3 euros). La Tunisie mise essentiellement sur la sensibilisation et la prévention pour réduire la consommation. En adoptant une politique plus agressive, l’Algérie semble chercher à réduire drastiquement la consommation qui touche de plus en plus de jeunes, mais aussi à augmenter les recettes fiscales. Cependant, elle soulève aussi des questions sur le marché illicite et la contrebande, qui pourraient s’intensifier si la hausse des prix n’est pas accompagnée de mesures efficaces de lutte contre le marché noir. La réussite de cette politique dépendra de la capacité des autorités à équilibrer la réduction de la consommation et la lutte contre le marché illicite.