Le 9 juillet, l’Algérie risque de voir ses exportations hors hydrocarbures taxées à 30% par les États-Unis, contre 18,9% actuellement. À 48 heures de l’échéance fixée par Trump, Alger a-t-elle négocié pour éviter cette sanction commerciale ?
Donald Trump avait fixé une date butoir claire : le 9 juillet 2025. Les partenaires commerciaux des États-Unis avaient 90 jours pour négocier des accords et éviter une forte hausse des droits de douane. Depuis cette date, les exportations algériennes vers les États-Unis (hors pétrole et gaz) sont frappées d’une taxe de 30%.
Cette politique tarifaire “réciproque” vise à compenser les barrières douanières que Washington juge excessives sur les produits américains en Algérie. L’administration Trump reproche à l’Algérie d’appliquer un taux moyen de 59% sur les importations américaines. Mais l’Algérie a-t-elle réellement tenté de négocier ? Les informations disponibles restent fragmentaires et peu précises.
Des traces d’activité diplomatique sans confirmation
Quelques éléments suggèrent une activité diplomatique algérienne. L’ambassadeur algérien à Washington aurait mené un plaidoyer auprès de l’administration américaine. Il aurait défendu l’idée d’un “partenariat économique global” entre les deux pays. Des délégations algériennes ont participé à plusieurs forums économiques, notamment le SelectUSA 2025. Ces rencontres visaient officiellement à renforcer la coopération économique et à attirer des investissements américains. Mais ces initiatives constituent-elles de véritables négociations ? Aucune déclaration officielle d’Alger ou de Washington ne confirme des discussions spécifiques sur les tarifs douaniers. La différence entre diplomatie de routine et négociation ciblée reste floue. Contrairement au Royaume-Uni et au Vietnam, qui ont annoncé publiquement leurs accords avec les États-Unis, l’Algérie n’a communiqué sur aucun processus de négociation.
L’absence de transparence complique l’analyse
L’opacité qui entoure les relations commerciales algéro- américaines complique l’évaluation. Les autorités algériennes n’ont pas communiqué sur d’éventuelles négociations avec Washington. Aucun calendrier, aucune feuille de route, aucune déclaration d’intention n’ont été rendus publics.
Cette absence de transparence contraste avec d’autres pays de la région. Le Maroc, qui bénéficie d’une taxe réduite de 10%, avait annoncé ses discussions avec l’administration américaine, afin de capitaliser sur son accord existant de libre-échange. La Tunisie, taxée à 28%, avait également communiqué sur ses démarches diplomatiques.
L’Algérie semble avoir navigué à vue. Sans stratégie de communication claire, sans mobilisation visible de ses réseaux diplomatiques et économiques. Cette approche discrète traduit-elle une négociation secrète ou une absence de négociation ?
La question reste ouverte. L’impact économique immédiat de cette hausse tarifaire demeure modeste. Le pétrole et le gaz, qui représentent plus de 90% des exportations algériennes vers les États-Unis, échappent à cette mesure.
Les produits touchés incluent l’acier, le fer forgé, les engrais et les produits agricoles. Ces secteurs perdent en compétitivité sur le marché américain. Mais leur poids économique reste marginal : les exportations algériennes vers les États-Unis hors hydrocarbures représentent moins de 0,1% du PIB.
Le véritable enjeu se situe ailleurs. Cette taxe complique les ambitions algériennes de diversification économique. Le pays cherche à réduire sa dépendance aux hydrocarbures. La barrière tarifaire américaine freine ces efforts.
L’Algérie se retrouve également dans une position défavorable face à ses voisins maghrébins. Cette asymétrie régionale pourrait détourner les investissements vers d’autres pays du Maghreb.