Tebboune met la gestion de Sonatrach sous la loupe | Maghreb Émergent

M A G H R E B

E M E R G E N T

Actualités

Tebboune met la gestion de Sonatrach sous la loupe

Par Nabil Mansouri
27 juillet 2020

La Sonatrach, véritable poumon économique de l’Algérie, est en cette période, mis sous la loupe des plus hautes autorités du pays. Le 12 juillet dernier, lors de la réunion périodique du Conseil des ministres, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a donné instruction pour qu’un audit « profond » soit engagé au niveau du Groupe public.

Le chef de l’Etat a exigé, non seulement de « dégraisser » au niveau des postes de responsabilité mais aussi de moderniser la gestion du groupe et entamer le passage vers « une comptabilité analytique saine ».

Dans ce même registre, le ministre de l’Énergie, Abdelmadjid Attar, a indiqué dans une intervention à la radio nationale, qu’un « audit comptable approfondi sera lancé au niveau de la Sonatrach dans un proche avenir ». Attar a expliqué que le processus d’audit vise à réduire la charge de fonctionnement de Sonatrach et à réduire ses coûts d’exploitation et permettra également de réduire le nombre d’emplois inutiles à l’étranger.

Face aux instructions de la présidence, la compagnie nationale des hydrocarbures n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué publié une semaine après le Conseil des ministres, Sonatrach a affirmé qu’elle s’inscrivait « pleinement dans la vision de l’Etat », et qu’elle a décidé de « poursuivre la concrétisation de son « programme stratégique » à travers des projets d’amélioration couvrant, entre autres, la modernisation de la fonction ressources humaines et l’implémentation d’un système d’information ».

Mais, peut on parler de programme stratégique pour Sonatrach en sachant qu’en espace d’une année, pas moins de trois P-DG se sont succédé à la tête de la compagnie d’hydrocarbures ? Une « valse des patrons » symbole d’une instabilité managériale devenue endémique.

En effet, l’actuel P-DG de Sonatrach Toufik Hakkar qui a été nommé à la tête du groupe le 5 février 2020, a dû suppléer Kamel-Eddine Chikhi, qui avait auparavant remplacé Rachid Hachichi, en novembre 2019. Fin avril, Ce dernier avait à son tour pris la place de Abdelmoumene Ould Kaddour, « grand manitou » du groupe entre 2017 et 2019.

Lors de l’installation de Toufik Hakkar par décision du Président Tebboune, l’ancien ministre de l’Energie à l’époque, Mohamed Arkab, a déclaré que ces changements « sont opérés pour apporter une nouvelle méthode de gestion en adéquation avec la stratégie tracée ».

Une stratégie qui, à ce jour, n’a dicté ni son nom ni sa couleur. Mais un rapide « flash back » à l’époque d’Abdelmoumene Ould Kaddour, nous renseigne sur le fameux « Projet SH 2030 », rédigé par le cabinet de conseil américain Boston Consulting Group en 2019.  

Tebboune veut-il relancer la stratégie de Ould Keddour ?

En effet, durant la période Ould Kaddour, Sonatrach avait lancé une nouvelle stratégie à l’horizon 2030 (SH 2030) qui porte sur un changement global de sa stratégie de gestion pour une période de quinze ans.  

L’ex-patron avait affirmé, au cours de cette période, que Sonatrach « veut définitivement changer sa méthode de travail ». Il avait même choisi pour cette stratégie le slogan : ‘Leading the change’ (diriger le changement).

L’ancien P-DG du groupe public disait vouloir « obliger les gens à être ingénieux, à produire et à utiliser leur intelligence au profit de l’entreprise au lieu d’user de pratiques bureaucratiques ou administratives. »

A travers cette stratégie, il envisageait que le groupe pétrolier national puisse consolider sa place parmi les cinq grandes compagnies pétrolières mondiales. Des perspectives, qui donnaient de l’espoir pour un groupe qui a connu, depuis toujours, une gestion politique de son business, tiré par des décisions bureaucratiques.

Mais ces promesses optimisées n’ont jamais pu être tenues en raison des changements qui ont eu lieu en Algérie, suite au déclenchement du Hirak, ayant eu pour conséquence d’imprimer une marque nouvelle sur la gestion de l’entreprise d’hydrocarbures.  

Ce parallèle établi entre la vision Ould Kaddour et celle de Tebboune permettrait elle d’envisager une éventuelle reprise en main de cette l’approche (Sonatrach 2030), en vue de faire de la compagnie nationale des hydrocarbures ce que son ancien P-DG n’a pas eu le temps de faire ? Une entreprise moderne, autonome et anti-bureaucratique.

ARTICLES SIMILAIRES

Terminal pétrolier réservoirs stockage pétrole navires approvisionnement marché énergétique.
Energie Hydrocarbures

Pétrole : Après la trêve à Gaza, le brent recule à son plus bas niveau depuis mai

L’annonce, jeudi 9 octobre, d’un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas a provoqué un brusque retournement sur les marchés pétroliers. En apaisant un foyer de tension qui pesait… Lire Plus

Actualités

Algérie: L’euro en hausse face au dinar sur le marché noir

L’euro reprend des couleurs ce dimanche 12 octobre 2025 sur le marché noir des devises en Algérie. Après une légère baisse jeudi, la monnaie européenne affiche une nouvelle hausse face… Lire Plus

Usine Stellantis Fiat à Oran Algérie - chaîne de production automobile Tafraoui.
Actualités Algérie

Stellantis : l’usine Fiat d’Oran tire la hausse des ventes en Afrique

Le constructeur automobile a franchi le cap des 50 000 véhicules assemblés à Oran en 2025, contre 17 000 l’année précédente. Cette montée en puissance s’inscrit dans un repositionnement géographique… Lire Plus

Actualités

Université d’été du RCD : El Kadi Ihsane s’est penché sur « une diversification économique empêchée »

L’université d’été du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) a finalement pu se tenir, ce jeudi 10 octobre, dans l’enceinte de la Mutuelle des travailleurs des matériaux de… Lire Plus

Actualités

BF Spa, Timimoun et le Sud qui attend encore sa récolte

La rencontre tenue jeudi entre le ministre de l’Agriculture, Yacine Oualid, et le PDG du groupe italien BF Spa, Federico Vecchione, consacrée au suivi du projet agricole stratégique lancé à… Lire Plus