Le Salon international du tourisme et des voyages, qui se tient jusqu’au 15 juillet au Palais des expositions des Pins maritimes à Alger, met en lumière les défis persistants du secteur touristique algérien, notamment face à la forte promotion des destinations étrangères comme la Tunisie.
À l’occasion de la 24ᵉ édition du salon, des dizaines d’agences de voyages ont présenté leurs offres à un large public, curieux de découvrir les possibilités de séjours aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. Cependant, un constat s’impose : la Tunisie reste la destination phare dans les brochures, éclipsant les sites touristiques nationaux.
Le désert algérien, un joyau sous-exploité
Malgré la richesse de ses paysages sahariens – de l’envoûtant coucher de soleil à Assekrem à la majesté de la capitale des Touaregs –, l’Algérie peine à transformer son potentiel en véritables circuits touristiques attractifs. Sabiha Labed, membre active de l’Association nationale NEDJMA depuis 1974, déplore cette stagnation.
« Dans les années 1980, notre association organisait des voyages qui attiraient des milliers de touristes vers le sud. À cette époque, des dizaines de vols charter atterrissaient chaque saison. Aujourd’hui, les agences locales se contentent de proposer la Tunisie ou des pèlerinages religieux », témoigne-t-elle, visiblement affectée.
Pour elle, les freins au développement du tourisme en Algérie sont multiples : dégradation des sites, absence de civisme, manque de sensibilisation, et surtout, peu d’initiatives sérieuses pour relancer le tourisme local.
Dar Sanasa : un exemple de résilience à Timimoun
À Timimoun, une maison d’hôtes baptisée Dar Sanasa (Sahara, nature et santé) montre une autre voie. Sa fondatrice, Nadra, universitaire algérienne revenue de France, a investi dans cette région malgré de nombreux obstacles. Elle évoque la complexité des démarches pour obtenir des visas pour les touristes étrangers, la cherté des billets d’avion (jusqu’à 15 000 DA pour une liaison vers le sud), mais aussi le manque criant de personnel qualifié dans l’hôtellerie.
« Il nous a fallu plus d’un an pour concrétiser un projet qui aurait dû voir le jour en un mois. Mais avec de la volonté, nous avons lancé notre maison d’hôtes il y a trois ans, et nous sommes actuellement en phase d’agrandissement », confie-t-elle.
Nadra précise que d’autres Algériens résidant à l’étranger souhaitent eux aussi investir dans le tourisme à Timimoun, malgré les lenteurs administratives.
Une reprise timide mais prometteuse du tourisme saharien
Du côté des autorités, le ton est plus optimiste. Abidi Mohamed, inspecteur du tourisme, affirme que le sud algérien connaît une reprise progressive depuis la pandémie.
« L’an dernier, la wilaya de Djanet a traité près de 4 000 demandes de visas, sans compter celles délivrées directement par les ambassades. À Timimoun, environ 300 visas ont été accordés », souligne-t-il.
Cependant, il insiste sur la nécessité d’investissements supplémentaires pour renforcer les capacités d’accueil :
« Une wilaya comme Timimoun ne compte actuellement que 14 établissements hôteliers. Ce n’est pas suffisant pour répondre aux attentes des visiteurs, surtout lorsqu’ils recherchent un minimum de confort»
Repenser le tourisme algérien pour mieux le vendre
Au-delà des chiffres, plusieurs voix s’accordent pour appeler à une nouvelle stratégie touristique. Le choix d’organiser le salon durant la période estivale est également critiqué.
« Avant, le salon se tenait au mois de mai, sur toute une semaine, ce qui permettait une meilleure visibilité et participation », rappelle Sabiha Labed.
Entre bureaucratie, manque de coordination et absence de vision claire, le tourisme algérien semble tourner en rond. Pourtant, à l’image de projets comme Dar Sanasa, il existe encore des raisons d’espérer. Il reste à canaliser les énergies, libérer les initiatives et faciliter les démarches pour que le désert cesse d’être un mirage économique.