Malgré une relative progression ces dernières années, le secteur du tourisme reste encore loin du dynamisme observé chez les voisins maghrébins. En 2023, sa contribution au produit intérieur brut (PIB) s’est élevée à seulement 2 %.
À titre de comparaison, le Maroc et la Tunisie enregistrent respectivement 7 % et 9 % du PIB issus de l’activité touristique, soulignant ainsi le retard structurel de l’Algérie dans ce domaine.
En 2024, l’Algérie a accueilli plus de 3,5 millions de touristes, générant des recettes estimées à 1,6 milliard de dollars. Un chiffre bien loin des 11, 2 milliards USD de recettes du Maroc qui a enregistré 17, 4 millions de touristes. Ou encore de la Tunisie qui a enregistré environ 9 millions en 2024, en hausse par rapport aux 8,5 millions de 2023, générant environ 2,2 milliards USD. Quant à la Turquie, une des destinations prisées par les algériens, elle a comptabilisé 62,27 millions de touristes en 2024, soit une augmentation de 9,84 % par rapport à 2023 pour des recettes estimées à 61, 1 milliards USD. Une hausse qui porte la contribution du secteur au PIB à hauteur de 12, 5%. Pourtant, ce ne sont pas les atouts qui manquent à l’Algérie : un littoral de plus de 1200 Km, un patrimoine historique et culturel considérable, de vastes étendues au Sahara, véritable musée à ciel ouvert, et des montages propices au tourisme écologique. Ce potentiel, dont peu de pays peuvent se prévaloir, demeure pourtant sous exploitée, malgré les professions de foi des autorités pour dynamiser le secteur.
Les causes du retard
Plusieurs facteurs expliquent la lente relance du tourisme algérien. D’abord, l’instabilité politique et sécuritaire, notamment durant la décennie noire des années 1990, qui a freiné le développement du secteur pendant de nombreuses années. Cette période, malgré l’évolution de la situation depuis, a laissé une image à l’international d’une destination « risquée », particulièrement dans le sud du pays. Ensuite, il y a la bureaucratie et le manque d’infrastructures adaptées ainsi qu’une offre hôtelière souvent jugée insuffisante ou obsolète, loin de répondre à toutes les bourses. Enfin, l’absence de stratégies de promotion touristique cohérentes à l’international a fini par peser sur la capacité du pays à attirer les visiteurs étrangers. Un autre facteur, dont on parle si peu, pouvant jouer à la marge, mais qui entrave l’essor du secteur : l’existence de certaines forces d’inertie, mues par des considérations idéologiques, y compris au sein de certains segments de l’administration, qui voient dans le tourisme une menace sur les « valeurs nationales ».
Un tournant stratégique pour l’avenir
Conscient de ces faiblesses, le gouvernement algérien a engagé ces dernières années une série de réformes et d’investissements pour dynamiser le secteur. L’objectif affiché semble ambitieux : atteindre 5 % du PIB dans les années à venir. Parmi les actions concrètes engagées : la rénovation et la modernisation de nombreuses infrastructures hôtelières, tant publiques que privées, afin d’élever les standards d’accueil, le développement du tourisme saharien, avec un accent mis sur l’attractivité de destinations emblématiques comme Tamanrasset, Djanet ou Timimoun, la simplification des procédures de visa, visant à rendre l’Algérie plus accessible aux voyageurs internationaux, et des projets d’amélioration des transports, notamment la desserte aérienne des régions touristiques intérieures. A l’heure où l’Algérie cherche à réduire sa dépendance aux hydrocarbures, le tourisme peut devenir à terme un véritable levier de diversification économique. Si le pays parvient à concrétiser ses projets d’infrastructures, à mieux valoriser ses richesses naturelles et culturelles, et à attirer les investisseurs, le tourisme pourrait devenir un véritable moteur de croissance économique. Le défi reste immense, mais pas impossible. Pour peu que la volonté politique existe et le cap d’une relance d’un secteur, parent pauvre de l’économie, soit maintenu.