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Transfert des devises de la diaspora algérienne : 8 milliards USD détournés des circuits officiels chaque année (étude)

Par Maghreb Émergent
6 avril 2025

Ils sont six millions à vivre loin de leur terre natale, mais leurs euros et dollars ne franchissent guère les frontières algériennes via les voies officielles. Derrière ce paradoxe, un constat alarmant. L’Algérie perdrait chaque année plus de 8 milliards de dollars de transferts potentiels. Une “richesse gaspillée” qui pourrait transformer l’économie nationale si elle était correctement canalisée.

L’étude du professeur Benzeghioua Mohamed, publiée en juin 2024, révèle une réalité économique alarmante : avec des transferts officiels plafonnant à 1,829 milliard de dollars en 2022, l’Algérie ne capte qu’une fraction du potentiel financier de sa diaspora. Si l’on compare ce chiffre aux transferts marocains (11,4 milliards) et qu’on tient compte de la taille comparable des deux diasporas, le manque à gagner pour l’économie algérienne s’élèverait à plus de 8 milliards de dollars annuels.

Cette somme colossale représente près de 5% du PIB algérien, estimé à environ 172,5 milliards de dollars en 2022. À titre de comparaison, ce montant équivaut au budget combiné de quatre secteurs fondamentaux de l’économie nationale : l’éducation, l’enseignement supérieur, le travail et les affaires sociales, et la santé.

Une diaspora nombreuse, mais des transferts limités

Ce paradoxe est d’autant plus frappant que la diaspora algérienne compte environ 6 millions de personnes à travers le monde, dont près de 5 millions en France, selon l’étude. Pourtant, les transferts officiels ne reflètent en rien cette présence massive à l’international.

Alors que la communauté algérienne en France est numériquement plus importante que la communauté marocaine, elle n’a généré que 1,447 milliard de dollars de transferts en 2022, contre 3,416 milliards pour les Marocains. Cette disproportion se retrouve dans tous les principaux pays d’accueil, notamment en Espagne (52 millions pour l’Algérie contre 2,495 milliards pour le Maroc) et en Italie (19 millions contre 1,492 milliard).

Les causes d’une richesse qui échappe au circuit officiel

Comment expliquer qu’une telle manne financière échappe aux circuits officiels ? Le professeur Benzeghioua identifie plusieurs facteurs clés. D’abord, la prépondérance des canaux informels de transfert. Face à un écart persistant entre le taux de change officiel et celui du marché parallèle, de nombreux expatriés préfèrent recourir à des méthodes alternatives qui leur offrent un meilleur rendement pour leurs euros ou dollars.

L’infrastructure bancaire algérienne, insuffisamment développée à l’international, constitue un autre obstacle majeur. La faible présence des banques nationales dans les pays d’accueil complique les démarches de transfert pour les expatriés, les incitant à se tourner vers des solutions informelles.

S’ajoute enfin un problème de confiance institutionnelle. L’étude souligne le “manque de transparence dans l’utilisation de ces transferts pour le développement économique” comme l’un des freins psychologiques qui limitent la volonté des expatriés de rapatrier leurs économies.

Yasser K.

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