Alors que les banques publiques algériennes ont renforcé leur transparence, Citibank, HSBC, Arab Bank et Housing Bank maintiennent l’opacité sur leurs états financiers. Une pratique qui expose les clients à des risques non évalués.
Dans le secteur bancaire algérien, deux logiques s’affrontent désormais. D’un côté, les banques publiques ont franchi un cap décisif en matière de transparence financière. Les introductions en bourse réussies de la BDL et du CPA ont créé une dynamique positive, poussant ces établissements à adopter des standards de publication qui n’existaient pas auparavant. Seule la BNH traîne encore les pieds dans cette course à la transparence.
De l’autre côté, le paysage devient plus trouble. Plusieurs banques privées étrangères persistent dans une opacité qui détonne dans le contexte économique actuel. Cette situation crée une fracture informationnelle au sein du système financier algérien, où coexistent des établissements qui ouvrent leurs livres et d’autres qui les gardent hermétiquement fermés.
Les bons élèves existent pourtant. BNP Paribas El Djazair montre l’exemple en publiant un rapport annuel complet, incluant états financiers et rapport des commissaires aux comptes, facilement accessible sur son site. Société Générale Algérie a suivi cette voie, rendant son bilan public via sa plateformes numérique ou par l’intermédiaire de la Banque d’Algérie. Même constat pour Fransabank El Djazaïr qui rend également publics ses bilans annuels et rapports complets, accessibles librement en ligne.
Quand la transparence devient optionnelle
La liste des récalcitrants n’est pas négligeable. Citibank Algeria, HSBC Algeria, Arab Bank Plc Algeria et Housing Bank for Trade and Finance Algeria figurent parmi les établissements qui maintiennent un silence persistant sur leurs performances financières. Ces banques, pourtant filiales de groupes internationaux réputés pour leur rigueur, semblent appliquer des règles différentes sur le marché algérien.
Cette réticence à communiquer contraste avec les pratiques de leurs maisons-mères, habituées aux exigences de transparence des marchés développés. Le paradoxe devient encore plus frappant quand on sait que certaines de ces institutions donnent régulièrement des leçons de gouvernance à leurs clients ou partenaires locaux, tout en étant incapables de publier un rapport de gestion structuré depuis plusieurs années.
Pour les clients de ces banques, l’équation devient problématique. Comment évaluer la solidité d’un établissement qui refuse de divulguer ses résultats ? Comment faire confiance à une institution qui cache sa santé financière ? Cette opacité prive les déposants d’informations essentielles pour prendre des décisions éclairées concernant leurs placements et leurs dépôts.
Les risques ne sont pas uniquement théoriques. Dans un secteur où la confiance constitue le pilier fondamental de la relation client-banque, cette opacité alimente naturellement la suspicion. Elle peut également masquer des fragilités structurelles, des pertes non déclarées, voire des pratiques contraires aux standards éthiques ou réglementaires.
Le régulateur face à ses responsabilités
La Banque d’Algérie se trouve aujourd’hui dans une position délicate. Si elle impose effectivement la transmission des états financiers à tous les établissements opérant sur le territoire, elle laisse encore le choix à chaque banque de décider ou non de rendre ces informations publiques. Cette tolérance réglementaire apparaît de plus en plus décalée par rapport aux standards internationaux de 2025.
Le moment semble venu pour le régulateur de durcir le ton. L’alignement sur les standards du GAFI et du Comité de Bâle nécessite une approche plus ferme en matière de publication d’informations. Cette évolution permettrait non seulement de protéger les clients, mais aussi de renforcer l’attractivité du marché algérien auprès des investisseurs internationaux, naturellement soucieux d’évoluer dans un environnement transparent et prévisible.
Car, l’enjeu dépasse la simple question de la transparence. Il s’agit de la crédibilité du système financier algérien dans son ensemble. Tant que des établissements pourront opérer dans l’opacité, le secteur bancaire national restera perçu comme immature par les standards internationaux.