La récente présentation du ministre des Transports Saïd Sayoud devant la commission parlementaire révèle l’ampleur catastrophique de la situation ferroviaire en Algérie, sciemment dissimulée pendant des années. Le constat est accablant : sur les 17 trains Coradia acquis à grands frais en 2015, seuls 5 sont encore en circulation. Les 12 autres, représentant plus de 70% de cette flotte moderne, pourrissent sur des voies de garage depuis près d’une décennie.
“Les citoyens parlent de trains, mais soyons sincères, on n’a pas vraiment de trains”, a finalement avoué le ministre. Cette confession tardive intervient après dix longues années d’inaction face à cette débâcle. Dix années pendant lesquelles aucune solution n’a été mise en œuvre pour remédier à cette situation désastreuse.
L’excuse invoquée de la faillite du fabricant masque mal l’inertie administrative et l’incompétence gestionnaire qui ont caractérisé ce dossier. Pendant que les responsables précédents se gargarisaient de projets ferroviaires ambitieux, la réalité était celle d’un service exsangue, fonctionnant avec un squelette de flotte. Plus consternant encore, 17 autres trains d’une marque différente sont également en panne, portant le nombre total de rames immobilisées à 29 sur un parc déjà insuffisant.
Aujourd’hui, le ministre promet un protocole “en phase finale” avec une entreprise espagnole pour réparer une partie des trains d’ici mai 2025. Mais comment croire à cette énième promesse quand on sait que pendant dix ans, aucune solution n’a été sérieusement recherchée?
Les 600 milliards de dinars désormais promis pour le secteur ferroviaire arrivent bien tard. Ce montant colossal, annoncé sans détail ni plan précis, semble davantage relever de l’effet d’annonce que d’une stratégie cohérente pour ressusciter un secteur à l’agonie.
Entre les lignes réduites à 40% de leur capacité et un parc roulant majoritairement hors service, c’est tout le système de transport algérien qui a été sacrifié par une décennie d’attentisme et de négligence. Les nouveaux projets annoncés pourront-ils effacer cette catastrophe industrielle nationale? L’histoire récente incite malheureusement au scepticisme.