Le transport des voyageurs et plus particulièrement le transport urbain est en plein tourmente en Algérie. Il l’est depuis longtemps, mais depuis la chute tragique dans le l’Oued El Herrach, d’un bus des transport urbain le 15 août dernier, c’est tout le secteur des transport qui est sous la loupe des autorités et la colère des citoyens.
Hier, lors d’un conseil des ministres restreint, le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné l’importation en urgence de 10 000 bus. Une mesure destinée à moderniser la flotte nationale et à remplacer les autobus vétustes de plus de 30 ans déjà en cours de retrait. Cette décision, sans précédent, soulève des questions quant à son financement et les canaux d’importation qui seront utilisés.
L’économiste et ancien ministre de l’Industrie Ferhat Aït Ali a estimé, dans une analyse publiée sur son compte Facebook, que l’opération pourrait s’appuyer « probablement sur la SNVI, entre bus importés et ceux produits localement en partie ». Il souligne que cette démarche nécessite probablement « un exercice entier pour finaliser l’opération, entre produit local et importé, vu que la production mondiale organisée sur la base des besoins mondiaux tourne autour de 650 000 bus et autocars toutes marques et modèles confondus ».
Le ministre des Transports, Saïd Sayoud, a pour sa part précisé que 86 000 bus dégradés au niveau national nécessiteraient un retrait immédiat de la circulation et un remplacement rapide.
Quel marché sera sollicité pour les 10 000 bus ?
Au delà de production locale, par la SNVI ou Mercedes Bez, déjà partenaire de l’industrie militaire algérienne, d’autres pistes européennes et chinoises seront probablement visés.
Parmi les fournisseurs européens, plusieurs marques apparaissent capables de répondre à une commande d’ampleur. On peut citer d’abord la marque IVECO BUS (Italie/France). Présent historiquement en Algérie et sur le marché maghrébin, IVECO occupe une place de choix grâce à un vaste réseau de services et une offre multi-énergies adaptée aux nouvelles exigences de mobilité durable. Ou encore, l’allemand Mercedes-Benz Group AG, une référence mondiale, réputée pour la fiabilité de ses autobus urbains, avec une forte présence dans les grands contrats africains.
D’autres marques européennes pourront répondre à la demande algérienne, dont MAN Truck & Bus (Allemagne), Solaris Bus & Coaches (Pologne), Volvo Buses (Suède).
Les constructeurs chinois : compétitivité et délais
La Chine s’affirme depuis quelques années comme un partenaire incontournable grâce à la compétitivité prix/délai et la capacité de livrer rapidement des flottes entières. Yutong , déjà présent en Algérie depuis 2024 et compte un projet d’une usine d’assemblage. Yutong est le plus grand producteur mondial de bus urbains, avec des capacités annuelles supérieures à 60 000 unités et une importante expérience d’exportation sur le continent africain.
L’autre géant chinois est King Long. Déjà actif en Tunisie voisine, King Long propose des bus à des tarifs environ 30% inférieurs à ceux des constructeurs européens, avec une adaptation rapide des délais de production (quatre à six mois pour des commandes en volume).
Jusqu’à présent, en dehors du volume qui sera commandé, aucun détail n’a été donné lors du conseil des ministres présidé par Tebboune. Détails qui seront probablement donnés prochainement, y compris les opérateurs qui mèneront l’opération.