Le secteur des assurances tunisien confirme sa résilience en 2025. Au premier semestre, le chiffre d’affaires global a atteint 2,248 milliards de dinars, soit une progression de 11,4 % par rapport à la même période en 2024. Cette performance, révélée par les données sectorielles, reflète à la fois la vitalité de l’assurance vie et la consolidation de l’assurance non-vie, malgré un contexte économique national encore marqué par les tensions budgétaires et les déséquilibres commerciaux.
L’assurance vie s’impose comme le moteur de croissance du secteur. Son chiffre d’affaires a bondi de 21 % sur un an, représentant désormais près de 28,9 % du marché total. Cette évolution témoigne d’un changement dans les comportements des ménages, qui privilégient de plus en plus les produits d’épargne et de prévoyance pour sécuriser leur avenir financier dans un climat économique incertain. La demande croissante pour ce type de produits s’explique par une confiance accrue dans les mécanismes d’épargne longue durée, mais aussi par la recherche de solutions alternatives aux placements bancaires classiques dont la rentabilité reste faible.
Une non-vie dominante mais sous pression
Malgré l’essor de la branche vie, l’assurance non-vie continue de représenter la part du lion du marché tunisien, avec une croissance de 7,9 % au premier semestre et une domination à 71 % du chiffre d’affaires total. Les branches automobile, santé et multirisques habitation demeurent les plus sollicitées. Mais les compagnies sont confrontées à plusieurs défis : la hausse des indemnisations dans le secteur automobile, l’augmentation du coût des soins médicaux qui impacte les contrats santé et les effets du changement climatique sur les sinistres agricoles.
La performance du secteur des assurances s’inscrit dans un contexte plus large de reprise économique en Tunisie, avec une croissance du PIB de 3,2 % au deuxième trimestre 2025 et une progression significative des investissements, +16,9 % au premier semestre. Les autorités considèrent le secteur comme un levier stratégique, car il contribue non seulement à la sécurisation des ménages et des entreprises, mais aussi à la mobilisation de l’épargne nationale. À terme, l’assurance vie pourrait devenir une source importante de financement pour l’économie réelle, via des placements dans les obligations d’État et les projets d’infrastructure.
Les perspectives restent favorables à condition que les compagnies renforcent la digitalisation de leurs services, que la régulation accompagne l’innovation — notamment l’assurance en ligne et la micro-assurance — et que la couverture s’étende vers les zones encore peu assurées. La persistance d’un taux de chômage élevé, évalué à 15,3 % au deuxième trimestre 2025, ainsi que la pression sur le pouvoir d’achat limitent toutefois la capacité des ménages à souscrire de nouveaux contrats.