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Maghreb

Tunisie – Deux ministres accusés de normalisation avec Israël échappent à une motion de censure

Par Yacine Temlali
10 mai 2014
La synagogue de la Ghriba à Djerba, un rendez-vous annuel pour les pèlerins de confession judaïque.

La ministre du Tourisme et le ministre délégué à la Sécurité auprès du ministre de l’Intérieur ont été auditionnés hier par les députés. Ils sont accusés d’avoir autorisé les Israéliens à entrer en Tunisie avec des passeports israéliens. Il plaident la cause du tourisme. Les organisations hostiles à la normalisation avec l’Etat hébreu rappellent que celui-ci a tué 68 personnes en 1985, dans le bombardement du QG de l’OLP à Hammam El Chott.

 

 

Accusés d’avoir permis aux touristes israéliens d’entrer en Tunisie avec leurs passeports israéliens, la ministre du Tourisme Amel Karboul et le ministre délégué à la Sécurité auprès du ministre de l’Intérieur, Ridha Sfar, ont échappé hier à une motion de censure de l’Assemblée nationale constituante (ANC). La motion a été retirée in extrémis après leur audition par les députés.

Selon l’agence de presse publique Tunis Afrique Presse (TAP) qui a rapporté l’information citant le président de l’ANC, Mustapha Ben Jaafar, le vote, qui était prévue dans la soirée après l’audition des deux responsables, n’a finalement pas eu lieu.

Pour rappel le 23 avril dernier, 85 députés avaient signé une pétition appelant à auditionner Amel Karboul et Ridha Sfar pour avoir promis que les Israéliens voulant effectuer le pèlerinage annuel à la synagogue de la Ghriba, dans l’île de Djerba, entreraient en Tunisie avec des passeports délivrés par l’administration israélienne et non plus en utilisant des passeports d’autres pays. Le 23 avril dernier également, le Premier ministre, Mehdi Jomaa, avait indiqué que l’entrée des touristes israéliens en Tunisie en prévision de ce pèlerinage, prévue cette année entre le 16 et le 18 mai, avait été approuvée.

Pour rappel, les opposants au développement de ce tourisme religieux évoquent l’existence d’un arrêté ministériel daté du 13 avril 2014 autorisant les Israéliens à entrer sur le territoire tunisien en effectuant les mêmes formalités que ceux effectués par des ressortissants d’Etats ayant des relations normales avec la Tunisie, autrement dit en utilisant leurs passeports israéliens.

 

Une affaire « purement administrative«  selon le gouvernement

 

Devant l’ANC la ministre du Tourisme a démenti avoir rencontré une délégation israélienne et assuré que son unique objectif était de faire du pèlerinage à la Ghriba une occasion de relancer le tourisme. Le ministre délégué à la Sécurité auprès du ministre de l’Intérieur s’est défendu lui aussi d’œuvrer à la normalisation des relations tunisiennes avec l’Etat hébreu. Il a affirmé, devant les députés, que la question des modalités d’entrée des israéliens en Tunisie était « purement administrative » et que ces touristes entraient y entraient « avec des laissez-passer tunisiens ».

De son côté, le président de la communauté juive de Djerba (gouvernorat de Médenine), Perez Trabelsi, cité par TAP, a expliqué que « la visite des juifs israéliens n’est autre qu’une affaire religieuse, loin de toute forme de normalisation ». Il a exprimé ses craintes que les prévisions de 4.000 à 4.500 attendus à la Ghriba cette année ne puissent pas être atteint à cause de cette polémique.

 

Le souvenir vivace des bombardements israéliens de 1985

 

Les récents multiples signaux en direction des touristes israéliens sont critiqués par une partie de l’opposition tunisienne, qui y voit de premiers pas vers la normalisation des relations avec Israël.

Le refus de la normalisation des relations avec l’Etat hébreu est largement partagée aussi bien par la droite islamiste que par une bonne partie des organisations de gauche et nationalistes arabes.

Ces organisations n’ont pas oublié que l’aviation israélienne  a tué 68 personnes en 1985, dans le bombardement de Hammam-Chott où se trouvait le QG de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui s’était installée en Tunisie après l’évacuation des combattants palestiniens de Beyrouth en 1982. 

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