L’Association des magistrats tunisiens (AMT) a reçu un ordre d’évacuation de son siège au Palais de justice de Tunis, émanant du procureur de la République près le Tribunal de Tunis, samedi 18 janvier 2025.
En effet, un représentant du ministère public a ordonné l’évacuation immédiate du local, tout en interdisant toute réunion à l’avenir, un geste que l’AMT a dénoncé comme une tentative de restreindre ses activités, et comme une atteinte à son droit de réunion et à son indépendance.
Dans un communiqué, l’association a qualifié cette mesure de « grave atteinte à leur droit d’organiser des activités » et a réaffirmé son engagement à défendre l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Les membres du bureau exécutif ont condamné cette intervention, considérant qu’elle visait à limiter leurs droits garantis par la Constitution et les conventions internationales. Ils ont également réaffirmé leur détermination à poursuivre leur combat pour un système judiciaire autonome et libre de toute ingérence.
Ce n’est pas la première fois que l’association subit un harcèlement du régime tunisien. Le juge Anas Hmedi, président de l’AMT, a été poursuivi pour « incitation à cesser le travail » en lien avec une grève tenue en 2022. Sept organisations de défense des droits humains avaient dénoncé ces poursuites, les qualifiant de représailles politiques contre son opposition aux ingérences de l’exécutif dans la justice depuis le coup de force de Kais Saied le 25 juillet 2021.
En 2005, sous le régime de Ben Ali, le siège de l’AMT a été fermé de force dans un contexte de répression visant les magistrats, aggravée par une loi restreignant leur indépendance. Après la révolution de 2011, l’association avait récupéré son local.