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Tunisie : Le pays a besoin d’une LF 2021 beaucoup plus audacieuse, selon le président du CONECT

Par Maghreb Émergent
27 octobre 2020

Dans une déclaration à l’agence presse TAP, le président de la CONECT, Tarek Chérif, a indiqué que «le pays a besoin d’une Loi de Finances 2021, beaucoup plus audacieuse qui accorde à l’investissement et à l’exportation, l’intérêt nécessaire, préserve les entreprises et les emplois et ouvre de nouvelles perspectives à l’économie nationale».

Commentant le projet de LF 2021 proposé par le gouvernement, le président de la deuxième organisation patronale du pays, a déploré «une Loi de Finances qui ne prévoit aucun frein ni solution au problème de l’endettement public qui a atteint des niveaux inquiétants, ni de pistes pour traiter « l’obésité » de l’administration dont les charges ne cessent d’augmenter, sachant qu’il s’agit de charges non productives ».

Ces charges finiront, selon lui, par bloquer le pays, car un pays qui crée moins de richesses et donc moins de revenus, n’aura pas de quoi faire face à la montée du chômage, de la pauvreté et des inégalités.

Chérif a aussi, dénoncé l’absence, dans le cadre du PLF 2021, de mesures d’encouragement pour l’investissement. « Converger le taux de l’IS vers 18%, outre le fait qu’il alourdira l’imposition des entreprises étrangères et exportatrices créant ainsi, un fort effet d’éviction, ne servira pas à grand-chose pour les entreprises nationales qui font surtout face au retard de mise en place des réformes nécessaires à leurs activités».

Et d’expliquer «la première réforme vitale pour l’économie du pays, c’est la réforme de la logistique. On ne peut pas continuer à fonctionner avec la situation lamentable du port de Radès qui ne fait qu’enchérir les coûts d’importation et d’exportation pour les entreprises tunisiennes». Le président de la CONECT a amèrement enchaîné, «inutile d’évoquer encore une fois, le projet du port en eau profonde d’Enfidha, dont on parle depuis plus d’une vingtaine d’années, mais qui ne voit toujours pas le jour, alors que tous les autres pays voisins et méditerranéens, se sont déjà dotés de leurs ports en eaux profondes » s’interrogeant  » Comment veut-on accroître l’attractivité du pays en l’absence des infrastructures de base nécessaires pour l’investissement ?». La deuxième réforme nécessaire pour redémarrer l’investissement consiste, selon Chérif, à résoudre le problème du financement des entreprises. «Le manque de liquidité dans les banques aggrave le problème d’accès des PME au financement bancaire. Face à ce problème, il faut injecter suffisamment, de liquidité pour permettre aux banques de soutenir les entreprises, mais le PLF 2021 en optant pour l’endettement sur le marché intérieur, risque d’assécher davantage la liquidité sur le marché, sapant toute chance de relance de l’investissement ».

Et de rappeler, à ce propos, les résultats du baromètre de la santé de la PME tunisienne MIQYES 2019-2020, élaboré par la CONECT en partenariat avec le PNUD, lesquels confirment ce problème de liquidité auquel font face les entreprises nationales. Interrogé sur les mesures qu’il aurait espéré voir dans le PLF 2021, Cherif a souligné «on aurait souhaité que l’Etat fasse un pas plus audacieux dans le sens de la réduction de ses charges non productives, du fardeau de la fiscalité aussi bien pour les entreprises nationales que celles étrangères et exportatrices, de la solution du problème de la liquidité sur le marché pour soutenir l’investissement et pourquoi pas dans le sens d’un report des charges pour les entreprises, à l’instar de ce qui a été fait au Maroc pour préserver les entreprises et les emplois ».

Et de poursuivre « on aurait aussi, souhaité voir plus de facilités aux banques et aux fonds d’investissement pour leur permettre d’encourager l’entrepreneuriat et l’initiative privée et une avancée plus soutenue sur la voie de mise en place des réformes nécessaires, car plus on retarde les réformes plus cela va être compliqué pour l’entreprise en particulier et pour le pays d’une manière générale ».

Cherif a, en outre, considéré que l’Etat doit « libérer davantage l’investissement, en concentrant ses efforts sur les secteurs d’ordre stratégique à l’instar de l’éducation, du transport, de la sécurité et de la santé. Il doit laisser au secteur privé la possibilité de jouer pleinement, son rôle au lieu de supporter des pertes supplémentaires en s’aventurant dans des secteurs qui doivent être ouverts à la concurrence».

Le président de la CONECT aurait également, aimé trouver dans le PLF 2021, un signal fort d’encouragement à l’exportation, pour élargir les perspectives de l’économie nationale et donner plus d’horizons aux entreprises nationales. «La Hollande, un petit pays comme le notre, est le deuxième pays exportateur de produits agroalimentaires à l’échelle mondiale, grâce à l’engagement des différents acteurs et à une forte logistique qui réduit à néant, les pertes du temps et les surcoûts. C’est un pays totalement orienté vers l’exportation et c’est ce qui fait sa force ».

«En Tunisie, le dogmatisme en vigueur risque malheureusement, de faire perdre à l’Etat une occasion supplémentaire de bouger dans le bon sens » a-t-il regretté

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