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Tunisie : les violences et les harcèlements contre les journalistes persistent

Par Saïd Djaafer
8 mai 2017
Sami Ben Gharbia est dans le collimateur pour un article sur la loi controversée sur la réconciliation économique (Facebook)

 

 

Quelques jours après la publication d’un communiqué par des organisations tunisiennes et internationales dénonçant le harcèlement contre Sami Ben Gharbia du journal Nawaat pour le forcer à révéler ses sources sur un projet de loi controversé, c’est au tour du président du syndicat des journalistes de pointer les violences contre les journalistes.

 

 Le président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Néji Bghouri, a déploré la persistance des violences contre les journalistes, en particulier, lorsqu’il s’agit d’accès à l’information, et ce, malgré la suppression de la circulaire n°4 relative à l’organisation du travail des cellules d’information et de communication au sein des ministères et des établissements publics.

 L’unité de monitoring du SNJT a relevé un retour à certaines pratiques visant à empêcher les journalistes d’accéder aux sources d’information, particulièrement au niveau régional, a-t-il précisé.

 S’exprimant, lundi, en conférence de presse à Tunis pour présenter le dernier rapport du syndicat, Bghouri a toutefois, fait état d’une baisse du nombre des agressions commises durant avril dernier par les agents sécuritaires, par rapport au mois de mars.

 D’un autre côté, le président du syndicat a évoqué les violations perpétrées par les fonctionnaires et les responsables gouvernementaux qu’il qualifie de phénomène nouveau. Il a dénoncé l’obstination à juger les journalistes sur la base des dispositions du code pénal ou encore du code des plaidoiries militaires plutôt que du décret-loi 115.

 Neji Bghouri a appelé le ministre de la Justice, en sa qualité de président du ministère public, à abandonner les poursuites judiciaires (à l’encontre des journalistes) basées sur des textes de loi autres que ceux régissant la profession à savoir les décrets loi 115 et 116.

 Il a indiqué que le syndicat a récemment adressé une correspondance au ministère de l’Intérieur, l’appelant à enquêter sur les agressions faites aux journalistes. Le syndicaliste a mis l’accent, dans ce sens, sur le rôle qui incombe aux forces de sécurité dans la protection des journalistes pendant l’accomplissement de leur travail.

 En allusion aux violations auxquelles ont été victimes les journalistes sportifs au cours de la dernière période et le temps pris par la police pour intervenir. La coordinatrice de l’unité de monitoring, relève, pour sa part, qu’en plus des fonctionnaires publics et des responsables gouvernementaux, d’autres parties comme les employés des institutions publiques contribuent à rendre la tâche du journaliste encore plus difficile.

 Le conseiller juridique de l’unité de monitoring, a de son côté, fait remarquer que la plupart des procès contre des journalistes ont été intentés par des citoyens qui n’ont pas encore compris la nature du travail de journaliste.

 

 

Sami Ben Gharbia dans le collimateur de la présidence

 Pour rappel, plusieurs organisations nationales et internationales ont exprimé récemment leur préoccupation à l’égard du harcèlement subi par Sami Ben Gharbia  le co-fondateur de Nawaat qui en est à sa quatrième convocation par les autorités en moins d’une année.

« Ben Gharbia a été entendu le 3 mai 2017, journée internationale de la liberté de la presse, par la brigade des investigations de la Garde nationale pour “vol de documents et divulgation de secrets”, après que Nawaat ait fuité un document révélant la stratégie de la présidence de la République afin d’imposer une loi controversée sur la réconciliation économique » indique le communiqué.

 « Durant plus de six heures, les gendarmes ont demandé à Ben Gharbia de révéler ses sources ainsi que les données personnelles des journalistes ayant travaillé sur le sujet. L’identité du plaignant n’est pour sa part toujours pas connue » souligne le communiqué dénonce un « harcèlement contre le média indépendant Nawaat. »

 « Passer plus de six heures à être interrogé pour un article sur la présidence et le projet controversé d’amendements de la loi sur la réconciliation économique, que l’on fasse pression pour obtenir les sources de Nawaat est extrêmement préoccupant” avaient souligné les signataires.

 

 

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