L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a annoncé l’organisation d’une marche nationale jeudi 21 août à Tunis pour protester contre ce qu’elle qualifie de « dérive autoritaire » et de « campagne de dénigrement » menée à son encontre. Le rassemblement doit démarrer de la place Mohamed Ali, siège historique du syndicat.
Réunie en commission administrative nationale, la centrale a décidé de rester en session permanente et n’exclut pas la convocation d’une grève générale si les négociations sociales demeurent bloquées et les droits syndicaux compromis, selon un communiqué relayé par la presse locale.
Son secrétaire général, Noureddine Taboubi, a affirmé : « Nous ne nous laisserons pas museler », ajoutant que l’UGTT « n’est pas au-dessus des lois » et appelant ceux qui disposeraient de dossiers à recourir à la justice. « Celui qui détient un dossier doit le présenter à la justice. Nous ne sommes pas au-dessus de la reddition de comptes. Il suffit de cette symphonie », a-t-il insisté.
« Nous ne serons pas réduits au silence«
Face aux restrictions visant certaines activités de la centrale, Taboubi a dénoncé une politique du « deux poids, deux mesures », soulignant que « des autorisations sont refusées à l’UGTT tandis que celles d’autres parties sont acceptées ». Lors d’une autre intervention, il a martelé : « Nous ne serons pas réduits au silence ».
Cette mobilisation survient dans un climat de tensions croissantes entre la présidence de la République et l’UGTT. Le président Kaïs Saïed a récemment menacé de suspendre le prélèvement automatique des cotisations syndicales des fonctionnaires, une mesure que la centrale considère comme une tentative de la fragiliser financièrement.
Plusieurs organisations de la société civile, dont la Ligue tunisienne des droits de l’homme et le Syndicat national des journalistes, ont exprimé leur soutien à la marche. Elles dénoncent, elles aussi, une restriction progressive de l’espace démocratique.
Forte d’environ 700 000 adhérents, l’UGTT reste un acteur central du paysage social et politique tunisien. Son appel à manifester entend réaffirmer son rôle de contrepoids institutionnel dans un contexte de crise économique et de concentration du pouvoir exécutif depuis la suspension du Parlement en 2021.