La Tunisie veut quadrupler ses exportations vers l’Afrique en s’appuyant sur la ZLECAF. Les marges de progression sont importantes, mais les contraintes restent lourdes.
La Tunisie n’utilise qu’un quart de ses capacités exportatrices vers l’Afrique. Selon les estimations, près de 518 millions de dollars d’opportunités commerciales ne sont pas exploitées. Les principaux gisements concernent l’agroalimentaire, les industries diverses, le secteur mécanique-électrique et le textile-cuir.
Le gouvernement mise sur le corridor logistique avec la Libye pour accéder aux marchés subsahariens et veut développer des exportations à plus forte valeur ajoutée, comme l’automobile et les pièces mécaniques. L’objectif affiché est de transformer le pays en hub méditerranéen pour les chaînes de valeur africaines.
La ZLECAF crée un contexte favorable. Elle devrait aboutir, d’ici 2030, à un marché commun de 2,5 trillions de dollars et 2 milliards de consommateurs. La suppression progressive de 90 % des droits de douane intra-africains élargit le champ des échanges. Dans le même temps, la demande mondiale en minerais stratégiques pourrait quadrupler d’ici 2040, et l’Afrique détient 30 % des réserves.
Mais les limites sont évidentes. Les coûts logistiques tunisiens sont 50 % supérieurs à la moyenne mondiale. Les réglementations diffèrent d’un pays à l’autre. L’accès au financement et aux outils numériques est restreint. Le retour du protectionnisme mondial complique encore la compétitivité.
La Tunisie dispose d’atouts – position géographique, savoir-faire industriel, proximité avec l’Europe et l’Afrique. Mais ces atouts ne suffisent pas. Sans un effort ciblé sur les infrastructures, la logistique et le financement des entreprises exportatrices, l’ambition de quadrupler les ventes africaines restera hypothétique.
En clair, la Tunisie a le potentiel. Ce qui manque encore, c’est la preuve de sa capacité à l’exécuter.