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Tunisie: Un « gouvernement de guerre » pour des réformes difficiles exigées par le FMI

Par Maghreb Émergent
7 septembre 2017
Youssef Chahed: ''c'est un gouvernement de guerre'' (Facebook)
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 Un «gouvernement de guerre ». C’est ainsi que Youssef Chahed a qualifié mercredi le gouvernement d’union nationale après l’annonce d’un vaste remaniement touchant notamment les postes clés des finances, de la défense et de l’intérieur.

 

Youssef Chahed a nommé aux Finances Ridha Chalghoum, ancien titulaire du poste proche de Nidaa Tounes, le parti au pouvoir. Lotfi Braham, autre personnalité proche de Nidaa Tounes, obtient le portefeuille de l’Intérieur. Taoufik Rajhi, l’un des conseillers économiques du chef dugouvernement et membre du parti islamiste Ennahda, estnommé au nouveau poste de ministre des Réformes économiques.

 Au total, six des 13 ministères qui changent de main ont étéconfiés à des partisans de Nidaa Tounes, tandis qu’Ennahda en garde trois. Le remaniement qui était attendu est le fruit d’un compromis entre les partis politiques et il devrait permettre à Youssef Chahed d’engager des réformes salariales, délicates, la fonction publique et réformer le système de retraite.

 Deux exigences formulées par le Fonds monétaire international (FMI). Le gouvernement de «guerre » va sans doute focaliser sur les réformes économiques, un domaine où le gouvernement de Youssef Chahed, en place depuis l’éte 2016, est critiqué pour sa présumée « inefficacité », notamment dans les secteurs économiques.

Priorité au redressement des finances publiques

 Le chef du gouvernement tunisien a indiqué à la presse qu’il avait préparé un «plan de relance économique » ou la question du « redressement des finances publiques a la priorité absolue, tout comme la balance commerciale et les entreprises publiques en difficulté. »

Des experts et des économistes tunisiens ont multipliés les alarmes au sujet de l’état des finances publiques en appelant à des reformes profondes voire à la mise en œuvre d’un nouveau plan d’ajustement structurel.

La Tunisie, pour rappel, a signé avec le FMI un accord portant sur l’octroi d’une facilité élargie de crédit (FEC) d’un montant de 2,83 milliards de dollars, divisée en plusieurs tranches sur une durée de 4 ans et soumise à des audits réguliers de la part du FMI.

 Le premier de ces audits a été achevé en juin et a donné lieu au décaissement d’une deuxième tranche d’environ 314,4 millions de dollars, soit environ la même somme que la première tranche débloquée un an auparavant.

Le décaissement des fonds, destinés à soutenir des investissements publics prioritaires, est conditionné par une réforme du régime fiscal et une amélioration des prestations du service public, dans le cadre d’une stratégie visant à faire passer la dette publique sous la barre des 70% du PIB d’ici 2020.

Les exigences du FMI

 Même si le gouvernement maintient le dialogue avec la puissante UGTT, l’une des exigences majeures du FMI porte sur la réduction de la masse salariale. Le FMI a souligné que la « masse salariale de la Tunisie en pourcentage de sa production économique est l’une des plus élevées parmi les pays émergents et ne saurait être soutenable dans le contexte d’une augmentation rapide des niveaux d’endettement. »

« Cette masse salariale est « passée de 10,7 % du PIB en 2010 à 14,5 % du PIB en 2016, et si les réformes ne sont pas mises en œuvre la masse salariale se hissera à 15 % du PIB en 2018. Elle représente en outre environ 50 % de la totalité des dépenses publiques, réduisant l’espace budgétaire pour l’investissement public et les transferts sociaux » avertissait le FMI qui n’a pas encore débloqué la troisième tranche.

 Youssef Chahed a fait valoir que les principaux axes du programme économique et social du gouvernement d’union nationale à l’horizon de 2020 ont été fixés lors d’une réunion, mardi, avec les signataires du Document de Carthage.

“Ce programme a été élaboré en adoptant une stratégie participative” a-t-il indiqué. Mais sa mise en œuvre ne sera pas chose comme en témoigne la mini-crise qui a conduit, en mars dernier du départ du ministre de la fonction publique et de la gouvernance Abid Briki, ancien de l’UGTT.  Objet de la divergence, la question du «dégraissage » de la fonction publique.

 Autant dire que les questions économiques ne seront pas la partie la plus aisée pour le“gouvernement de guerre” qui, selon Chahed continuera de “mener le même combat contre le terrorisme, la corruption, le chômage et les disparités régionales”.

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