En Algérie, le débat sur le recours au financement étranger connaît un nouveau tournant. Cette fois, il est relancé par un ancien membre du gouvernement. Ferhat Aït Ali, ex-ministre de l’Industrie, a exprimé un soutien clair à l’endettement extérieur pour financer des projets structurants initiés par l’État.
Cette position a été rendue publique dans une contribution publiée sur sa page Facebook. Elle intervient à l’occasion de l’annonce du financement par la Banque africaine de développement (BAD) d’une partie du projet ferroviaire reliant le nord de l’Algérie à l’extrême sud du pays.
Selon Ferhat Aït Ali, l’Algérie opère une rupture avec des décennies de refus idéologique de l’endettement extérieur. Longtemps, ce mode de financement a été présenté comme une atteinte à la souveraineté nationale, un discours hérité de la crise de la dette des années 1990.
Or, pour l’ancien ministre, cette approche ne tient plus. Il affirme que contracter un crédit pour financer des projets économiques est une pratique normale, courante dans toutes les économies, dès lors que les projets sont viables, bien étudiés et porteurs de valeur.
Le rôle clé des institutions financières internationales
Le financement accordé par la BAD n’est pas anodin. En Algérie, il signifie que le projet ferroviaire repose sur des études techniques avancées, des budgets précis et des mécanismes de suivi rigoureux. Les banques internationales, souligne-t-il, ne financent pas des projets sans garanties solides ni perspectives économiques claires.
Par conséquent, le refus systématique de l’endettement extérieur ne saurait s’appliquer aux projets à importance stratégique ou à rentabilité commerciale avérée. Pour Ferhat Aït Ali, cette distinction est fondamentale dans l’élaboration d’une politique économique rationnelle.
Sortir du débat populiste
L’ancien ministre appelle également à éloigner le débat sur le financement étranger des discours populistes. Selon lui, ces questions doivent être traitées par des experts, sur des bases techniques et objectives, loin des considérations idéologiques.
Autrement dit, le recours au financement extérieur doit être évalué projet par projet, en mesurant ses avantages, ses coûts et ses risques réels, et non à travers des slogans liés à une conception simplifiée de la souveraineté économique.
Critique du remboursement anticipé de la dette
Dans sa contribution, Ferhat Aït Ali revient sur la décision de rembourser par anticipation la dette extérieure durant le second mandat d’Abdelaziz Bouteflika. Il qualifie cette démarche de populiste et mal orientée, estimant qu’elle poursuivait des objectifs peu sains.
Selon lui, cette politique visait à exclure toute expertise financière externe de la gestion des affaires du pays. Une orientation qui, affirme-t-il, a failli conduire à l’irréparable en fragilisant les équilibres financiers et les réserves de change de l’Algérie.
Enfin, l’ancien ministre insiste sur l’importance du réseau ferroviaire saharien. Il le considère comme un levier majeur du développement économique du Sud algérien. Il plaide pour une interconnexion complète des lignes, notamment entre Béni Abbès, Adrar, Reggane et In Salah.
Dans ce contexte, le recours au financement étranger apparaît, selon lui, non seulement légitime, mais nécessaire pour garantir l’efficacité, la crédibilité et la durabilité des grands projets structurants en Algérie.