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« Un dinar en parité surévaluée est une prime pour les importateurs »-R.Bouklia-Hassane sur RadioM (audio-vidéo)

Par Yazid Ferhat
15 juillet 2015

La crise qui se profile pour l’économie nationale « exige que l’on utilise tous les instruments de politique économique afin de redresser la situation », estime l’économiste chercheur au CREAD, Rafik Bouklia Hassan sur le plateau de RadioM. Y compris la politique de change. « Il est temps de poser la question de la parité du dinar sans tabou », recommande-t-il.

 

Rafik Bouklia-Hassane  professeur à l’Université d’Oran publie aujourd’hui, en collaboration avec deux autres économistes, une contribution traitant du contrechoc pétrolier une année après. Dans cette contribution, l’accent est mis sur la question de la parité du dinar. Sur ce choix, il explique que cette question a toujours été un sujet tabou dont on parle peu malgré son importance. « Il nous semble que c’est un thème important, car jusqu’à présent c’est considéré comme un sujet tabou. On n’ose pas en parler explicitement. Quand on regarde les contributions des économistes et autres personnalités, la question de la parité du dinar est mise en veilleuse. Il nous a donc semblé utile de poser et lancer le débat sur cette question, car nous pensons que c‘est une question importante », a exposé d’emblée M. Bouklia dans l’émission Entretien de RadioM. Pour autant, le caractère tabou du sujet tient-il du mauvais souvenir de la dévaluation du dinar en 1994 ? « Contrairement à 1994 il ne s’agit pas aujourd’hui d’une dévaluation du dinar », précise Rafik Bouklia-Hassane qui explique que la monnaie nationale est en flottement dirigé ;  un ajustement de la parité du dinar sur les fondamentaux de l’économie.  « Parler d’une dévaluation fait fuir outre le fait que c’est un vocabulaire utilisé sciemment par certains importateurs », affirme-t-il, estimant que  « nous sommes dans une situation économique précise avec une baisse des recettes pétrolières ». Cette situation est  l’une des variables les plus importantes dans le modèle de détermination de la parité du dinar. Et la Banque d’Algérie reconnait elle-même que le dinar est surévalué depuis le début de la chute des cours pétroliers. Dans sa note de conjoncture de septembre 2014, la BA estime que la surévaluation du dinar est de l’ordre de 5%, rapporte  M. Bouklia. Selon lui, si la question de la parité du dinar n’est pas posée chez nous, cela tiendrait aussi au fait que les pouvoirs publics n’ont pas pris la pleine mesure de la gravité de la situation. Pourtant cette crise qui se profile «  exige que l’on utilise tous les instruments de politique économique afin de redresser la situation. Il est donc temps de poser toutes les questions sans tabou et notamment la parité du dinar », souligne le professeur.

Incohérence entre la politique de change et la politique commerciale

Si la Banque d’Algérie reconnait que le dinar est surévalué, il faudrait qu’il soit réajusté estime. Car, un dinar surévalué a des conséquences le plus souvent négatives sur l’économie. Dans l’éventualité que le dinar reste sur une parité surévaluée, cela constitue une prime pour les importations, juge-t-il. « Donc, il y a une incohérence entre la politique de change et la politique commerciale qui prône la réduction des importations », relève l’expert. Le professeur Bouklia rappelle que les importations sur les 15 dernières années ont explosé et le taux de croissance des importations a augmenté de 15% alors que, parallèlement, la production a augmenté de 5%. Pourquoi la faible réactivité de la Banque d’Algérie ? Elle tient aux des effets négatifs notamment sur l’inflation, une baisse du dinar signifiant une augmentation des importations et donc plus de produits importés dans les paniers des ménages, analyse Bouklia. Outre la répercussion sur le pouvoir d’achat des ménages, la question de la parité a aussi un effet sur le coût de production des entreprises et notamment les intrants importés, rappelle-t-il. Selon le professeur, la baisse du dinar par rapport au dollar permet de booster les recettes fiscales et par là même redresser l’équilibre budgétaire de l’Etat. Les recettes fiscales de l’Etat étant principalement les recettes des hydrocarbures, en dollars converties en dinar, s’il y a une baisse du dinar par rapport au dollar, on enregistre un déficit budgétaire plus réduit ce qui peut constituer un espace budgétaire assez conséquent pour les pouvoirs publics ».

Extraits vidéo : https://algeriefocus.com/bit.ly/1fJLfxW

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