À l’heure où nombre de pays tentent d’honorer leur engagement climatique, dans le cadre de l’accord de Paris, l’Algérie entre dans une phase décisive de son dialogue énergétique avec l’Union européenne. Un atelier technique stratégique s’est tenu lundi à l’École de Formation en Gestion Ben Aknoun (EFGB), organisé dans le cadre du programme TaqatHy+, afin de discuter de la réduction des émissions de méthane, un enjeu désormais central pour les exportations de gaz algérien vers l’Europe.
Réunissant responsables institutionnels, industriels et diplomates algériens et européens – notamment du ministère de l’Énergie, de la Commission européenne, de l’Ambassade d’Allemagne et de grandes compagnies énergétiques –, cette rencontre a permis d’examiner en profondeur les implications du nouveau règlement européen sur le méthane (Règlement 2024/1787), qui impose un strict encadrement des émissions dans le secteur énergétique, selon un communiqué de presse de la délégation de l’UE en Algérie.
Derrière l’aspect technique, l’enjeu est clair : à partir de 2027, les dispositifs de surveillance, de déclaration et de vérification des émissions (MRV)( Monitoring, Reporting and Verification) deviendront obligatoires. Et dès 2030, seuls les fournisseurs de gaz conformes aux plafonds d’émissions de méthane auront accès au marché européen. Une ligne rouge à ne pas franchir pour l’Algérie, dont l’Europe demeure l’un des premiers clients gaziers.
Le dialogue, initié dans un esprit de coopération, a mis l’accent sur la nécessité pour l’Algérie de s’aligner rapidement sur ces exigences, selon le texte. Le pays, à travers Sonatrach, a d’ailleurs présenté ses efforts déjà engagés dans la réduction des émissions, dans le cadre d’une stratégie de décarbonation progressive et de transition énergétique intégrant les renouvelables et les carburants bas carbone.
Technologies, financement et réglementation : une synergie nécessaire
L’atelier a abordé les méthodologies européennes et algériennes en matière de détection et réduction des émissions de méthane, ainsi que les leviers de financement disponibles. Les intervenants ont souligné la pertinence du partenariat OGMP 2.0, (Oil and Gas Methane Partnership) soutenu par l’ONU, qui promeut une meilleure transparence des données d’émission.
En parallèle, les discussions ont permis d’évaluer les défis réglementaires et techniques, tout en explorant des pistes concrètes de coopération future : certification de l’électricité verte, interconnexions énergétiques, et mécanismes comme le CBAM (mécanisme d’ajustement carbone aux frontières).
Une coopération renforcée à travers le programme TaqatHy+
L’atelier s’inscrit dans le programme TaqatHy+, lancé en décembre 2022 et cofinancé par l’UE et l’Allemagne, qui vise à accélérer le développement des énergies renouvelables, de l’hydrogène vert et de l’efficacité énergétique en Algérie. Piloté par le ministère de l’Énergie et mis en œuvre par la GIZ, ce programme court jusqu’en mai 2029.