Le journaliste français spécialiste de football Christophe Gleizes a été condamné ce jour à sept années de prison ferme avec mandat de dépôt par le tribunal de Tizi Ouzou.
Selon un communiqué de Reporters sans frontières (RSF) dénonçant ce verdict, Christophe Gleizes avait été arrêté puis placé sous contrôle judiciaire depuis le 28 mai 2024. Journaliste sportif indépendant, collaborateur des magazines So Foot et Society, spécialiste du football, il vient d’être condamné à sept ans de réclusion criminelle pour “apologie du terrorisme” et “possession de publications dans un but de propagande nuisant à l’intérêt national”, toujours selon RSF. Un appel sera interjeté dès demain, lundi 30 juin.
Christophe Gleizes est co-auteur du livre Magique système : l’esclavage moderne des footballeurs africains, publié en 2018. « C’est un passionné de football. Tous ses articles et collaborations depuis plus de douze ans en témoignent. C’est cette passion qui l’a conduit en Algérie en mai 2024 », estime RSF.
L’organisation explique qu’il s’était rendu en Algérie pour réaliser un reportage sur les heures de gloire de la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK) dans les années 1980, et qu’il comptait couvrir les commémorations du décès du footballeur camerounais Albert Ebossé, survenu dix ans plus tôt. Il avait également été mandaté par So Foot pour interviewer l’entraîneur du Mouloudia Club d’Alger, Patrice Beaumelle, et réaliser un portrait du joueur Salah Djebaïli.
RSF précise que le journaliste s’est rendu à Tizi Ouzou, où il a été interpellé avant d’être aussitôt présenté au procureur de la République, puis placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire algérien. Il a fêté ses 36 ans en février dernier à Alger, dans l’attente de son procès, dans un pays où il avait pourtant l’habitude de se rendre, cette fois muni d’un visa touristique.
Toujours selon RSF, les accusations portées contre lui « sont dues au fait qu’ il a eu des contacts en 2015 et 2017 avec le responsable du club de football de Tizi Ouzou par ailleurs responsable du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) »
En réalité, ce que la justice algérienne reproche à Christophe Gleizes ne concerne aucun club de Tizi Ouzou, mais bien des contacts avec un dirigeant du MAK, vice-président de l’Anavad (le gouvernement provisoire kabyle en exil) et président de l’équipe de football du MAK, qui se présente à l’étranger comme « l’équipe nationale de Kabylie ». Ces contacts remontent à une période antérieure au classement du MAK comme organisation terroriste par les autorités algériennes, en 2021.