La 28ᵉ édition du Salon international du livre d’Alger (SILA), qui se tient du 29 octobre au 8 novembre au Palais des expositions de la Safex, bat son plein. Avec plus d’un millier d’exposants et un record attendu de cinq millions de visiteurs, cette édition s’annonce comme l’une des plus fréquentées de ces dernières années.
Cette année, seuls quatre exposants français figurent au programme officiel. Une présence particulièrement modeste, presque effacée, au regard de l’histoire commune et du lien culturel fort entre la France et l’Algérie. Plus encore, l’absence du Centre culturel français d’Algérie qui participait encore l’an passé n’est pas passée inaperçue.
Dans les couloirs du salon, certains visiteurs ont remarqué que les rares stands français présents ne portaient aucun drapeau ni signe distinctif. Une sobriété qui en dit long sur la volonté, semble-t-il, de se faire discrets dans un contexte de relations bilatérales parfois sensibles.
Les médias français avancent diverses explications, certains évoquent un geste de solidarité envers Boualem Sansal, d’autres parlent d’un marché peu rentable. Mais sur place, le débat n’a pas vraiment sa place le public est venu pour les livres, pas pour la politique.
« La culture au-dessus de tout »
Sur le stand de GEODIF, distributeur et diffuseur français, le responsable Khaled Balahouane résume bien cet état d’esprit :
« Nous, on est là pour la culture, au-dessus de toute autre considération politique ou partisane. » Il raconte un stand pris d’assaut par les visiteurs :« durant les deux jours du week-end, on a été dépassés. Pour nous, c’est une participation réussie. »
Un témoignage qui contraste avec l’image d’une présence française timide, la passion du public algérien pour le livre reste intacte, quelle que soit la provenance.
Un autre cas a intrigué les habitués du salon, celui de Lexica, une maison d’édition française censée occuper le stand A22. D’après le plan affiché à l’entrée, elle devait être bien présente, mais ce stand a finalement été repris par d’autres exposants.
Le responsable rencontré sur place précise « C’est vrai, normalement Lexica expose ici. Mais nous, on vend des livres importés, surtout en anglais. L’éditeur français n’était pas au rendez-vous. »
Une représentante de la Société de documentation et dérivés SDD, société française, explique, « on ne s’intéresse pas aux conflits politiques, mais les ventes sont en baisse, on propose des livres de recherche, donc plus chers. »
Un avis partagé par d’autres exposants spécialisés, qui observent un engouement surtout pour les ouvrages grand public.
Les lecteurs algériens toujours au rendez-vous
Malgré ces absences, l’intérêt du public pour les livres reste fort. Ahmed Atta, manager de la Maison Internationale du Livre, entreprise algérienne spécialisée dans l’importation et la distribution d’ouvrages, souligne « Cette année, on sent une vraie amélioration. Les gens viennent avec des titres précis en tête, surtout pour des livres importés, qui deviennent rares. »
Le constat est clair, la demande existe, même si l’offre étrangère se fait plus discrète. Pendant que la France se fait discrète, l’Égypte s’impose comme l’un des pays les plus visibles de cette édition. Ses stands sont partout, parfois même installés avec retard à cause de problèmes d’expédition. « On a raté les quatre premiers jours », reconnaît un éditeur égyptien, « mais on sera prêts pour la fin du salon ».
Cette présence massive illustre la vitalité de l’édition arabe et la place grandissante de l’Égypte dans le marché du livre maghrébin.
SILA 2025 confirme ainsi sa dimension populaire et internationale. Si la France semble marquer une pause, le public algérien, lui, ne s’y trompe pas, il répond présent, avide de découvertes et de lectures, prouvant encore une fois que la culture reste le meilleur terrain de rencontre entre les peuples.





