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Une ONG marocaine veut l’éradication du travail des « petites bonnes »

Par Maghreb Émergent 22 août 2017
Non au travail des petits bonnes - Sit In ( Faceboo)

De nouveau, le travail des enfants comme domestiques et leur exploitation dans les grandes villes du pays est dénoncé par une association locale, qui a appelle gouvernement à harmoniser la législation. Et à mettre en pratique les nouvelles lois interdisant et encadrant le travail des enfants.

 

 L’association INSAF, qui milite pour la protection des jeunes filles employées de maisons et l’insertion sociale des jeunes domestiques, a appelé le gouvernement à harmoniser les lois pour éradiquer l’exploitation des mineures à travers le travail domestique.

L’appel de l’ONG marocaine, qui lutte contre l’exploitation sous toutes ses formes des enfants, intervient après l’adoption le 3 août dernier de deux décrets d’application de la loi 19.12 par le Conseil de gouvernement. Cette loi avait notamment fait baisser l’âge légal de travail des enfants de 18 ans à 16 ans.

 La protestation de l’ONG porte ainsi sur les décrets N°2.17.355 relatif au  »modèle de contrats des travailleurs domestiques » et le N° 2.17.356 relatif au  »complément de la liste des travaux dangereux interdits aux travailleurs de 16 et 18 ans ».

 Pour INSAF, les deux textes de loi  »ne garantissent aucune protection aux mineures », et les mesures de contrôle prévues par la loi sont  »impraticables ». En outre, le cadre juridique d’intervention des inspecteurs du travail et des assistantes sociales ne permet pas l’accès aux maisons où sont employées les jeunes domestiques, outre le nombre insuffisant des inspecteurs du travail par rapport aux besoins, estime l’ONG.

 Plus grave encore, l’association signale qu’il n’existe à ce jour  »aucun dispositif permettant d’identifier, d’extraire, d’accompagner sur le plan psychologique et social et de reconduire au sein de leurs familles, les filles âgées de moins de 16 ans », actuellement en situation d’exploitation dans le travail domestique.

 En fait, l’association INSAF considère qu’il faut harmoniser la loi 19.12 avec les dispositions de la loi 27.14 relative à la lutte contre la traite des êtres humains. Cette loi, qui avait été adoptée le 25 août 2016 et publiée dans le Bulletin officiel le 15 décembre 2016, relève que cette harmonisation est  »une alternative immédiate à la révocation de l’exploitation des enfants de moins de 18 ans ».

 Déjà, en juin dernier, l’association INSAF avait estimé que cette loi  » 27.14 constitue un socle fondamental et totalement fondé pour interdire dès aujourd’hui l’exploitation et la traite des enfants de moins de 18 ans. »

 

L’exploitation des enfants légalisée

 

Plus globalement, cette association recommande, dans le cadre de la lutte contre l’exploitation du travail des enfants la mise en place de mécanismes pour identifier les mineurs actuellement en situation d’exploitation (traite), de les extraire et de les accompagner jusqu’à leur réinsertion (famille, école, centre de formation, soutien psychosocial…).

 Au Maroc, le travail des enfants est une réalité sociale. Domestiques de générations en générations dans les grandes familles, bonnes à tout faire dans les grandes villes, enfants exploités dans les ateliers d’artisanat des bas-fonds de Casablanca, Fes, Meknes, Tanger ou Marrakech, le travail des enfants au Maroc a été à plusieurs reprises dénoncé par les ONG locales et internationales.

 C’est ce qui a amené le gouvernement ‘’PJD’iste’’ d’Abdelilah Benkirane en 2015, puis son successeur, celui actuel d’El Othmani, à encadrer et légaliser ce phénomène social propre au Maroc dans le Maghreb. Sans grand résultats, selon INSAF, qui demande à ce que le gouvernement contrôle mieux les dépassements et la traite des enfants.

 

Rapport critique du Département d’Etat

 

La nouvelle loi sur le travail des enfants stipule par ailleurs que le nombre d’heures de travail hebdomadaire est de 48 h maximum pour les plus de 18 ans, et de 40 h maximum pour ceux dont l’âge varie entre 16 et 18 ans. Quant au salaire, il doit être d’au moins 60% du Smig (le Smig étant de 13,46 DH par heure).

 Dans son dernier rapport annuel sur la lutte contre la traite des êtres humains dans le monde, le département d’Etat avait dénoncé le Maroc, qui ne respecte pas ses engagements en matière d’éradication de la traite des êtres humains, et continue à exploiter le travail des enfants.

 Selon le rapport publié en juin dernier, le Maroc continue de faire partie des pays qui ne respectent pas pleinement les normes minimales de la loi 2000 relative à la protection des victimes de la traite (TVPA).

Le département d’Etat estime que  »le gouvernement marocain n’a pas respecté les normes minimales dans plusieurs domaines clés’’, comme il n’a pas fait d’efforts pour abolir le travail des enfants, et lutter plus efficacement contre les réseaux de traite et de trafic d’êtres humains.

Officiellement, le nombre des enfants domestiques ou travaillant dans les ateliers de manufacture, dans les champs ou comme coursiers et dont l’âge varie de 7 ans à 14 ans est d’environ 600 000 enfants, soit 11% de cette classe d’âge.

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