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Une piste pour Alger ? Un rapport, enterré en France, préconise une alternative à la fracturation hydraulique

Par Yazid Ferhat
7 avril 2015
Selon le PDG de Sonatrach, le forage-test d’In Salah a confirmé « le caractère exploitable » du gaz de schiste.

En Algérie, le gouvernement fait face à une forte contestation contre l’exploitation du gaz de schiste en raison du recours à la fracturation hydraulique, la seule méthode en usage actuellement. C’est le cœur même du combat des militants opposés au gaz de schiste en Algérie qui estiment que la technique gaspille les ressources en eau et les menace de pollution.

 

La fracturation hydraulique est-elle la seule voie ? Non, selon un rapport d’experts commandé par l’ancien ministre français ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg révélé par le Figaro.

Ce rapport indique le journal « recommandait l’expérimentation en France d’une technologie d’exploitation à base de fluoropropane, une alternative à la controversée fracturation hydraulique » mais l’exécutif n’a jamais accepté de la mettre en œuvre ».

Le rapport sur « les nouvelles technologies d’exploration et d’exploitation » des gaz et huiles de schiste en France indique le journal n’a été tiré qu’à 7 exemplaires. Il a été commandé par Arnaud Montebourg à la mi-2012 et sa rédaction a été terminée début 2014. Mais le document, précise le journal « a été consciencieusement enterré ».

Arnaud Montebourg a confirmé, sans commenter, l’authenticité du document qui conclut à la faisabilité de l’exploitation du gaz de schiste sans le recours à la fracturation hydraulique qui suscite l’aversion générale et qui est interdite en France « depuis la loi Jacob de 2011 ».

« C’était le premier rapport officiel qui validait la technologie de stimulation au fluoropropane », explique un proche du dossier. Le document conclut qu’elle « présente une réelle alternative permettant de répondre aux problèmes environnementaux posés par la fracturation hydraulique ».

Mais les « huit trous » demandés par les experts français pour une première phase d’expérimentation n’ont pas été acceptés en raison du « veto absolu » des Verts et du ministère de l’écologie et de la « prudence de l’Élysée et de Matignon ». Résultat le rapport a été enterré.

Le Figaro explique que la technologie de stimulation au fluoropropane est défendue par la société américaine eCorp. Elle comporte l’avantage de ne pas utiliser l’eau, ressource précieuse et rare. On peut voir sur le site d’eCorp, les arguments en faveur de l’utilisation d’une forme « fluorée de propane (l’heptafluoropropane) comme fluide de stimulation pour supprimer purement et simplement le risque lié à l’inflammabilité du propane classique ».

Autre argument développé : « Pas une goutte d’eau, aucun additif chimique n’est utilisé dans le processus de stimulation au propane non-inflammable ». Sans compter que  » cette forme non inflammable de propane serait récupérée sous forme gazeuse à la sortie du puits, pour une réutilisation immédiate ou ultérieure ». C’est note eCorp, « une alternative non-inflammable à la technique de stimulation au propane 100% pur ».

Une alternative connue mais qui demande encore des années

L’inconvénient du caractère inflammable du propane serait levé grâce à « l’idée, développée courant 2013 avec la Rice University (Houston), d’utiliser le fluoropropane, inoffensif puisqu’on en trouve dans les extincteurs et même les inhalateurs ».

« Injecté dans la roche pour réaliser la fracturation à la place de l’eau et des additifs chimiques qui font la mauvaise réputation de la fracturation hydraulique, le fluoropropane aurait l’avantage de pouvoir être récupéré plus facilement que l’eau, et donc d’être réutilisé » indique le Figaro.

Le journal souligne que selon ses promoteurs, « la technologie « coche toutes les cases » : pas d’eau, pas d’additifs et moins de nuisances. La récupération limite la circulation des camions. La technologie s’accommoderait de micro-forages moins destructeurs de l’environnement et des paysages… ».

Mais, note Le Figaro, les  » sceptiques objectent à raison qu’il est curieux que cette révolution dont la France n’a pas voulu n’ait pas séduit ailleurs dans le monde ». Cependant, on parle de « contacts en Suisse, en Allemagne, en Espagne, en Algérie » .

Le gouvernement algérien et Sonatrach seraient-ils en train d’explorer cette piste qui permettrait de répondre, sans renoncer à l’exploitation du gaz de schiste, à la grande aversion contre la fracturation hydraulique qui s’exprime dans le sud du pays ? Cependant, objectent certains experts, la fracturation au fluoropropane ne sera pas opérationnelle avant des années.

Article initialement publié dans le HuffingtonPost Algérie

 

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