332 000 tonnes de marchandises ont transité entre le port de Valence et l’Algérie au cours des cinq premiers mois de 2025, rapporte le quotidien espagnol Levante. Ce volume place notre pays au troisième rang des partenaires commerciaux de Valenciaport, derrière la Chine et les États-Unis. Une position que l’Algérie n’avait plus occupée depuis le début de la crise diplomatique hispano-algérienne en 2022.
La remontée s’avère substantielle. L’Algérie occupait le sixième rang en 2024 et avait chuté jusqu’à la douzième position au plus fort des tensions bilatérales. Cette progression repose sur des flux bidirectionnels : 104 000 tonnes d’exportations depuis Valence et 227 445 tonnes d’importations en provenance d’Algérie.
Ces chiffres restent néanmoins inférieurs aux niveaux d’avant-crise. Selon une étude du Conseil des Chambres de la Communauté valencienne citée par Levante, les certificats d’origine émis fin 2024 totalisent 517 documents, contre plus de 6 000 annuellement avant 2022. Si la progression par rapport aux 103 certificats de 2023 est notable, l’écart avec les performances passées demeure considérable.
Les produits chimiques dominent les flux sortants
L’examen des exportations valenciennes révèle la prédominance des produits chimiques, d’après les données de l’Autorité portuaire de Valence (APV) rapportées par Levante. Cette catégorie représente 68 866 tonnes, soit les deux tiers des volumes expédiés vers l’Algérie. Les pigments constituent le poste principal, complétés par les sulfates, peintures et vernis.
Les autres secteurs d’exportation affichent des volumes plus modestes : 11 737 tonnes pour le papier et le carton, 9 921 tonnes pour les lubrifiants, 4 826 tonnes pour la viande bovine. Cette concentration sur les produits chimiques expose les échanges aux fluctuations de ce secteur spécifique.
Du côté des importations, le gaz naturel domine avec 107 791 tonnes. Cette dépendance énergétique s’explique par les besoins espagnols : le gaz algérien a couvert près de 40 % des importations nationales en 2024, dépassant les approvisionnements russes. Une partie de ces volumes transite par Valence, renforçant le rôle stratégique du port dans la sécurité énergétique espagnole.
Les produits chimiques figurent aussi dans les importations (31 899 tonnes), aux côtés des engrais naturels (12 502 tonnes). Cette bidirectionnalité des flux chimiques pose des questions sur la complémentarité réelle des économies ou sur d’éventuels réexports.
Des enjeux qui dépassent les chiffres commerciaux
La normalisation des échanges commerciaux accompagne le dégel diplomatique entre Madrid et Alger. Cette évolution intervient alors que l’Europe cherche à diversifier ses approvisionnements énergétiques et que l’Algérie souhaite maintenir ses débouchés d’exportation.
Pour l’Espagne, la reprise des flux gaziers algériens s’inscrit dans une stratégie de réduction de la dépendance énergétique vis-à-vis d’un nombre restreint de fournisseurs. L’Algérie, de son côté, préserve un accès au marché européen pour ses hydrocarbures tout en important des produits industriels espagnols.
La progression observée sur les cinq premiers mois de 2025 suggère une poursuite de cette tendance. Toutefois, plusieurs facteurs peuvent influencer cette dynamique : l’évolution des prix énergétiques, la stabilité politique régionale, et la capacité des deux pays à maintenir leurs relations bilatérales sur une base durable.
Les 332 000 tonnes enregistrées entre janvier et mai constituent un indicateur de normalisation progressive plutôt qu’un retour à la situation antérieure. Le chemin vers une pleine restauration des échanges commerciaux reste à parcourir, comme l’atteste l’écart persistant avec les niveaux de certificats d’origine d’avant-crise.