Des milliers d’Algériens s’inquiètent du bras de fer diplomatique entre Alger et Paris, surtout après une lettre du président français adressée à François Bayrou, qui ordonnait l’annulation immédiate des visas de long séjour pour les Algériens. Sur les réseaux sociaux, la polémique enfle : la France souhaite-t-elle vraiment exclure les étudiants algériens de son territoire ?
Le 6 août dernier, Emmanuel Macron a en effet donné pour consigne à son Premier ministre de « refuser les visas de court séjour aux détenteurs de passeports de service et diplomatiques ainsi que les visas de long séjour à tous types de demandeurs ». Concrètement, cela signifie que les visas de type D, valables entre 90 jours et un an, ne sont plus délivrés aux Algériens.
Les étudiants algériens pointés du doigt ?
Les étudiants algériens en France constituent la deuxième communauté universitaire étrangère après les Marocains. Malgré les obstacles pour obtenir leur visa d’études, ils privilégient la France à d’autres destinations telles que le Canada, l’Espagne ou les États-Unis. « Depuis 2021, je tente d’obtenir un visa d’études pour la France. Toutes ces démarches sont devenues un véritable commerce pour Campus France, avec l’augmentation annuelle des frais de TCF et d’entretien. Sans parler des agences algériennes qui vendent des rendez-vous pour le dépôt de visa », témoigne Ghiles, titulaire d’un master en philosophie politique.
Peut-on encore étudier en France ? Durant cette même période, le nouveau prestataire Capago a restitué des passeports à des milliers d’Algériens en attente de réponse de l’ambassade. « Les visas de court séjour (90 jours, type C) demandés par les étudiants ne sont pas concernés par cette décision », précise Bilal, propriétaire d’un cybercafé à Fréha.
Ainsi, les étudiants algériens gardent la possibilité de poursuivre leurs études en France, selon les procédures habituelles, malgré la lettre présidentielle.
Selon Campus France, 32 147 étudiants algériens étaient inscrits en France en 2023, soit une hausse de 4% par rapport à 2022. Ils représentent la deuxième plus grande communauté étudiante étrangère du pays.
Un avenir en suspens
Des dizaines de milliers de jeunes diplômés affrontent une réalité difficile : chômage élevé, marché du travail saturé, formations parfois déconnectées des besoins économiques… Ce climat d’incertitude fait vaciller bien des espoirs. Ce malaise profond, souvent silencieux, révèle une fracture entre attentes légitimes et obstacles concrets. Face à ces défis, une réforme urgente s’impose pour restaurer la confiance et ouvrir de nouveaux horizons.
La souffrance des jeunes diplômés algériens s’incarne dans la difficulté à décrocher un emploi à la hauteur de leurs compétences. Malgré leur potentiel et leur volonté de réussir, ils se heurtent à un système où la demande dépasse largement l’offre. Les grèves dans le secteur médical, l’exode des talents et l’incertitude généralisée démontrent l’urgence sociale et économique de la situation. C’est un véritable signal d’alarme pour bâtir un avenir où cette jeunesse pourra s’épanouir pleinement.
La fuite des cerveaux : l’Algérie se vide de ses talents
Chaque année, des milliers de jeunes Algériens — médecins, ingénieurs, chercheurs — quittent le pays, non par choix, mais par nécessité. De l’autre côté de la Méditerranée, on leur propose des contrats attractifs, des laboratoires modernes et des perspectives claires. En Algérie, ils affrontent l’attente, l’administration complexe et la peur de l’avenir.
Cette hémorragie silencieuse prive le pays de ses forces vives sans qu’aucune solution durable ne soit apportée. Le retour devient un mirage : avec le temps, la famille s’installe ailleurs et la nostalgie ne suffit pas à compenser le nouveau confort trouvé. Ce départ crée un véritable vide dans les hôpitaux, les universités et les grands projets de demain. Tant qu’un cadre valorisant le talent ne sera pas mis en place, l’Algérie continuera à former pour d’autres. Un jour, il ne restera que des photos jaunies et des regrets amers.