Deux lectures se sont dégagées chez les opérateurs économiques contactés par Maghreb Emergent après l’interview du président Abdelmadjid Tebboune : celle, très critique, de Slim Othmani, pointant les dérives bureaucratiques de la politique de substitution aux importations, et celle plus optimiste de Souheil Guessoum, président de la Confédération Algérienne du Patronat Citoyen (CAPC), qui voit dans les accords de la Foire commerciale intra-africaine (IATF) un tournant de diversification et d’ouverture pour l’économie algérienne.
Les critiques de Slim Atmani : une « illusion bureaucratique »
Slim Othmani dénonce la récente obligation faite aux industriels de créer des sociétés importatrices distinctes pour acquérir leurs intrants. Selon lui, cette mesure alourdit les coûts et renforce l’inflation, dont le taux actuel constitue un motif de satisfaction pour le président de la République.
D’un autre côté, « elle fragilise la compétitivité des entreprises privées de relations directes avec leurs fournisseurs », estime Slim Othmani, tout en signalant qu’elle ne génère pas de gains fiscaux réels.
Le président du conseil d’administration de NCA Rouiba parle d’un système de « poupées russes administratives », où l’on empile des intermédiaires sans fin, transformant la politique de substitution en mécanisme absurde. Pour lui, la substitution ne peut réussir que par des investissements, des infrastructures fiables et une stabilité réglementaire, non par des contraintes administratives. Sinon, le résultat sera une hausse des prix, une érosion du pouvoir d’achat et une perte d’attractivité pour les investisseurs.
L’optimisme du patron de la CAPC
À l’inverse, le président de la CAPC salue le succès de la Foire commerciale intra-africaine (IATF). Pour lui, les 11 milliards de dollars de contrats signés, dont 5 milliards d’investissements, confirment la confiance des partenaires africains et internationaux et positionnent l’Algérie comme un hub logistique et commercial entre l’Afrique, l’Europe et la Méditerranée, marquant la sortie progressive du modèle mono-exportateur.
Le PDG d’Alfa Computer insiste sur la nécessité de suivre de près l’exécution des projets signés afin qu’ils profitent réellement à l’économie nationale, aux PME locales et à l’emploi.
Sur la question budgétaire, le CAPC reconnaît néanmoins un défi majeur : le déficit budgétaire prévu pour 2025. Il plaide pour « une gestion plus rationnelle de la dépense publique et l’intégration progressive du marché parallèle dans l’économie officielle afin de renforcer les ressources fiscales ».