M A G H R E B

E M E R G E N T

Actualités

Visite de Teboune à Pékin : Les échanges économiques entre l’Algérie et la Chine restent désavantageux pour Alger

Par L.B 17 July 2023

L’engagement de la Chine en Algérie remonte à l’époque coloniale, lorsque Pékin a soutenu le mouvement d’indépendance de ce pays d’Afrique du Nord. Aujourd’hui, les relations de la Chine avec l’Algérie sont parmi les plus fortes en Afrique et dans le monde arabe, englobant les sphères politiques, économique, énergétique, militaire et culturelle.

Les relations bilatérales entre la République populaire de Chine (RPC) et l’Algérie remontent aux années 1950, lorsque le gouvernement de la RPC a établi des liens étroits avec les mouvements de libération nationale algériens. La conférence de Bandung de 1955, également connue sous le nom de conférence afro-asiatique, à laquelle ont participé le premier ministre chinois Zhou Enlai et des délégations du Front de libération nationale (FLN) algérien, a constitué une étape importante à cet égard.

Ceci dit, malgré l’amitié historique qui lie les deux pays, les échanges économiques entre les deux pays profitent Pékin au désavantage d’Alger.

Déficit commercial significatif

La Chine est passée du statut de partisan de l’indépendance de l’Algérie à celui de l’un de ses principaux partenaires économiques. Si les relations diplomatiques entre la Chine et l’Algérie remontent aux premiers jours de la création de la RPC, les relations économiques ne se sont développées qu’au tournant du XXIe siècle. En Afrique du Nord, l’Algérie entretient les relations commerciales les plus fortes avec la Chine et constitue le premier marché de la construction pour les entreprises chinoises.

Échanges commerciaux : les échanges entre l’Algérie et la Chine ont augmenté de manière significative dans les années 2000, faisant de la Chine le premier fournisseur de l’Algérie, dépassant la France en 2014. Reflétant les principales caractéristiques des échanges commerciaux de la Chine avec le reste du continent africain, ses exportations vers l’Algérie sont dominées par des produits manufacturés finis tels que l’électronique, l’automobile, la téléphonie mobile et l’habillement, tandis que le pétrole brut constitue la majeure partie des exportations de l’Algérie vers la Chine.

Il est important de noter que, contrairement aux relations commerciales avec les États du Golfe, les données sur le commerce sino-algérien indiquent un déficit commercial important pour l’Algérie. Par exemple, en 2020, les importations de l’Algérie en provenance de la Chine s’élevaient à environ 5,6 milliards USD, tandis que ses exportations vers la Chine ne dépassaient pas 1 milliard USD. Le déficit commercial s’élève donc à 4,6 milliards d’USD pour la seule année 2020. Globalement, si les consommateurs algériens ont bénéficié de la compétitivité des prix des produits chinois, le secteur manufacturier algérien a souffert de l’afflux de produits chinois, ce qui a accéléré la désindustrialisation du pays.

La Chine n’investit pas en Algérie

Suite à la stratégie “Going Out” de Pékin à la fin des années 1990, de nombreuses entreprises chinoises, tant publiques que privées, se sont aventurées à investir à l’étranger, et l’Algérie a été témoin d’une augmentation de la présence des multinationales chinoises. Selon le bulletin statistique annuel du ministère chinois du Commerce sur les investissements directs étrangers chinois (IDE), le stock d’IDE chinois en Algérie est passé de 34,5 millions d’USD en 2004 à 2,45 milliards d’USD dix ans plus tard. Une confluence de facteurs a conduit à une diminution du stock d’IDE chinois dans le pays, à 1,64 milliard USD, en 2020.

L’un de ces facteurs est lié à l’incertitude politique en Algérie à la suite du Hirak, le soulèvement social qui a commencé en février 2019 par une série de manifestations contre l’ambition du président Abdelaziz Bouteflika de briguer un cinquième mandat présidentiel et qui s’est ensuite transformé en un mouvement à grande échelle exigeant un changement politique significatif.

Les investissements chinois en Algérie restent marginaux, compte tenu du volume des échanges commerciaux et des contrats attribués aux entreprises chinoises dans le pays. La distinction entre la prestation de services et l’IDE est importante, car ces deux types de transactions génèrent des flux financiers opposés.

L’autoroute est-ouest, le nouvel aéroport d’Alger et la Grande Mosquée d’Alger, souvent décrits par les médias comme des “investissements” chinois, sont en fait de juteux contrats attribués par le gouvernement algérien à des entreprises de construction chinoises.

L.B.

ARTICLES SIMILAIRES

Actualités

Carburant : l’Algérie réduit de 99 % le trafic à ses frontières

L’Algérie a réduit de 99 % le trafic de carburant à ses frontières. Les pertes sont passées de 1,5 milliard de litres en 2013 à 3-5 millions en 2025, une… Lire Plus

Actualités Économie

Algérie : à l’origine de 15 % des startups, la diaspora pourra bientôt créer son entreprise à distance

Le pays s’apprête à autoriser les expatriés à créer leur entreprise sans se déplacer. Une mesure qui cible directement une diaspora déjà active : elle a fondé 15 % des… Lire Plus

Actualités Économie

Agriculture : l’irrigation doit s’adapter au climat, selon la Banque mondiale

La Banque mondiale appelle l’Algérie à transformer ses pratiques d’irrigation pour faire face au réchauffement climatique. Dans son rapport sur l’économie algérienne publié le 4 décembre 2024, l’institution financière internationale… Lire Plus

Actualités Energie

Brent à 63,9 dollars le baril : un marché qui marche sur un fil entre Fed, Ukraine et pétrole russe

Lundi matin, les prix du Brent ont légèrement progressé dans un marché, partagé entre l’espoir d’un assouplissement monétaire aux États-Unis et les incertitudes géopolitiques autour de la guerre en Ukraine… Lire Plus

Actualités

Le café, nouvel or brun de la contrebande entre l’Algérie et la Tunisie

La contrebande aux frontières algéro-tunisiennes connaît une mutation rapide. Longtemps dominé par le trafic de carburant, le marché informel s’est progressivement recentré sur une marchandise devenue stratégique : le café…. Lire Plus