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Accord d’association Algérie-UE : Quand un ancien ambassadeur accable l’administration algérienne

Par Yacine Temlali
19 novembre 2015
L’accord d’association avec l’UE aurait pu être largement mieux exploité su service de l’économie algérienne, estime Abdelhalim Benatallah.

Pour l’ancien ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Abdelhalim Benatallah, l’Algérie a vendu « l’accord négativement ». Elle est, rappelle-t-il, « le pays qui consomme le moins de crédits européens » et la mise à niveau de ses entreprises est loin d’être en bonne voie.

 

 

L’ancien ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Abdelhalim Benatallah, a dressé un réquisitoire contre le gouvernement et l’administration algérienne, dont l’indigence a détruit ce que l’Algérie pouvait tirer de l’accord d’association avec l’Union européenne. Au cours d’un débat organisé mardi par CARE (Cercle de réflexion et d’action sur l’entreprise), M. Benatallah a affirmé que le texte de l’accord est « neutre » et que c’est l’incapacité de la partie algérienne qui l’a rendu aussi négatif.

L’ancien ambassadeur a affirmé que le programme du gouvernement ne traite pas de cette question. Ménageant visiblement le président Abdelaziz Bouteflika, il a déclaré que le chef de l’Etat « a placé la barre plus haut, en voulant faire de l’Algérie un pays émergent », mais ceci ne sera possible que dans une vingtaine d’années si l’Algérie mène les réformes nécessaires.

M. Benatallah a longuement insisté sur les défaillances de la partie algérienne et son incapacité à réformer pour accompagner un accord ambitieux. Il rejoint en cela les nombreuses voix, comme celle de l’ancien ministre des Finances, Abdelkrim Harchaoui (RND), qui avait jugé l’administration algérienne incapable d’appliquer l’accord.

 

Très faible consommation de crédits européens

 

L’Algérie avait un budget de 750 millions d’euros pour engager la mise à niveau de ses entreprises. Le résultat atteint est très faible. L’Algérie est, d’ailleurs, « le pays qui consomme le moins de crédits européens », a indiqué L’ancien ambassadeur. Parallèlement à cela, le gouvernement algérien a consacré quatre milliards de dinars pour la mise à niveau. Seuls 5% ont été consommés, a-t-il dit, sans oublier le PNDA (Programme national de développement agricole), dont une partie était destinée à améliorer les exportations agricoles. Là encore, les résultats sont très faibles, et l’Algérie arrive toujours au dixième rang mondial dans l’exportation de dattes.

M. Benatallah a aussi cité le cas de produits de la pêche, non admis sur le marché européen. Ces produits sont « pollués, et quand je dis pollués, je suis poli », a-t-il déclaré, révélant que des experts européens ont été dépêchés à Alger pour expliquer les procédures en vue de corriger cette défaillance. « Rien n’a été fait », a-t-il dit. De même, l’Algérie a engagé une procédure pour être admise dans des structures de recherche. Elle a reçu une réponse favorable mais elle n’a « pas donné suite à sa propre demande », a-t-il dit.

 

Nécessaire lobbying

 

Pour M. Benatallah, l’accord d’association avec l’Union européenne « ne suffit pas » pour attirer les investissements, « il faut aussi faire du lobbying pour attirer investisseurs ». Mais pour lui, « nous avons fait le contraire, nous avons vendu l’accord négativement ».

L’ancien diplomate ne trouve de positions positives qu’au sein de la société civile. En recoupant les propositions du think-tank Nabni, du Forum des chefs d’entreprises (organisation patronale) et de Care, il est possible a-t-il estimé, de bâtir un projet, qui manque au gouvernement.

Mais avant d’y aller, M. Benatallah – sans jamais aborder frontalement les questions politiques – souligne que l’Algérie doit définir un cap, et préciser ce qu’elle attend de l’Europe et de l’accord d’association. Il se demande même s’il ne faut pas aller vers d’autres formules. L’Algérie dispose d’un délai qui court jusqu’en 2020, avec un délai de grâce de trois ans. Si elle l’exploite à fond, elle peut achever son processus de réformes et de mise à niveau pour devenir un pays émergent vers 2030, a-t-il dit.

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