L’intégration de Tassili Airlines dans le giron d’Air Algérie fait craindre un alignement des prix sur les tarifs historiquement plus élevés de la compagnie nationale, au détriment des usagers habitués aux tarifs compétitifs de l’ancienne filiale de Sonatrach.
La récente acquisition de Tassili Airlines par Air Algérie redessine la carte du transport aérien algérien. Cette opération, présentée comme une rationalisation du secteur, fait naître des interrogations légitimes sur l’évolution des tarifs domestiques. Les usagers des lignes intérieures, habitués aux prix compétitifs de Tassili, s’inquiètent d’un possible alignement sur les tarifs plus élevés d’Air Algérie.
Tassili Airlines occupait une position particulière dans le paysage aérien national. Filiale de Sonatrach, la compagnie s’était spécialisée dans les liaisons domestiques, notamment vers le Grand Sud, avec des tarifs attractifs et une approche plus flexible que sa consœur nationale. Cette stratégie lui avait permis de séduire une clientèle spécifique : travailleurs des zones pétrolières, étudiants, familles et voyageurs réguliers entre Alger et les wilayas éloignées.
L’absorption par Air Algérie s’accompagne d’un discours officiel promettant la création d’une “nouvelle compagnie domestique”. Toutefois, les modalités concrètes de cette fusion restent floues. Aucun calendrier précis n’a été communiqué, pas plus que les garanties concernant le maintien des services existants ou la préservation des emplois.
Cette opacité alimente les spéculations sur les véritables objectifs de l’opération. S’agit-il d’optimiser l’offre de transport ou simplement de réduire les coûts en éliminant une concurrence interne ? La réponse conditionne l’avenir des tarifs domestiques.
Vers une harmonisation tarifaire… par le haut ?
La question des prix constitue l’enjeu central de cette fusion. Air Algérie pratique traditionnellement des tarifs supérieurs à ceux de Tassili, particulièrement sur les lignes intérieures. Un billet coûte entre 14 746 et 28 470 dinars chez Air Algérie contre 5 840 à 10 366 dinars chez Tassili. Cette différence, loin d’être anecdotique, représente un écart significatif pour les budgets familiaux – les tarifs maximums d’Air Algérie pouvant être jusqu’à trois fois supérieurs à ceux de Tassili.
Compagnie | Tarif minimum (DZD) | Tarif maximum (DZD) |
Air Algérie | 14 746 | 28 470 |
Tassili Airlines | 5 840 | 10 366 |
L’harmonisation tarifaire semble inévitable, mais dans quel sens ? En l’absence de concurrence réelle sur la plupart des routes domestiques, la logique économique pousserait plutôt vers un alignement par le haut. Cette perspective inquiète d’autant plus que certaines destinations du Sud ou de l’Est n’ont pas d’alternative terrestre viable.
Les autorités n’ont fourni aucune indication sur leur politique tarifaire future. Cette absence de communication nourrit les craintes d’une hausse généralisée des prix, au moment où le pouvoir d’achat des ménages algériens reste sous pression.
Un enjeu d’aménagement du territoire
Le transport aérien intérieur revêt une dimension stratégique en Algérie. Pour les régions sahariennes ou montagneuses, l’avion représente souvent le seul moyen de transport rapide et fiable. Les liaisons Alger-Ouargla, Alger-Béchar ou Alger-Tindouf assurent une continuité territoriale essentielle.
Une hausse significative des tarifs pourrait compromettre cette accessibilité. Les populations des wilayas du Sud, déjà confrontées à l’éloignement et au coût de la vie, se retrouveraient pénalisées par des prix prohibitifs. Cette situation risquerait d’accentuer les déséquilibres territoriaux et d’entraver la mobilité des citoyens.
L’État algérien subventionne déjà certaines liaisons déficitaires pour maintenir la desserte des zones enclavées. La fusion Air Algérie-Tassili devrait logiquement préserver, voire étendre ces mécanismes de péréquation tarifaire.