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Hydrocarbures

Alerte sur le front des hydrocarbures en Algérie

Par Yazid Ferhat 24 février 2016
Le scénario qui semblait peu probable il y a deux ans est aujourd'hui presque une réalité.

Le président Abdelaziz Bouteflika a tiré la sonnette d’alarme sur le front du gaz, auquel une réunion unique en son genre a été consacrée lundi dernier.

 

Le réveil a été aussi brutal que le virage à prendre était  serré. En présidant, lundi dernier, un conseil restreint consacré à la politique nationale du gaz, le président Abdelaziz Bouteflika a pris un ton alarmant, pour rappeler, devant une sorte d’état-major du pouvoir, les grandes priorités du pays dans ce secteur névralgique pour l’économie, et exprimer surtout les inquiétudes qui persistent concernant les capacités gazières du pays.

Avec beaucoup de retard, le chef de l’Etat s’est rendu à l’évidence, alors que tous les indicateurs sont, depuis longtemps, au rouge: la production baisse, la consommation interne flambe, la part réservée aux exportations s’écroule. Les courbes sont telles que si la tendance actuelle se poursuit, l’Algérie pourrait ne plus pouvoir exporter à l’horizon 2025.

En plus de ces déboires, la compagnie nationale Sonatrach ne s’est pas encore totalement remise de ses scandales à répétition, son PDG n’arrive pas à redonner une identité à l’entreprise, et le ministre en exercice, Salah Khebri, est totalement transparent. Aucune voix n’est audible à l’extérieur, et personne ne peut tracer un cap à l’intérieur. Pas seulement à cause du fonctionnement du système et de l’ombre que fait le président Bouteflika, car le management du secteur a trop perdu de son expertise, et l’histoire récente a éliminé la plupart des cadres d’envergure.

“Ordonner”

Face à des nouvelles du front aussi alarmantes, c’est donc le président Bouteflika qui donne les ordres. Le programme de développement des énergies renouvelables devient “priorité national”. Il est impératif non seulement de poursuivre la prospection des ressources en gaz naturel, mais de les intensifier. Il faut respecter les “plannings d’amélioration des capacités de production des gisements” en exploitation, martèle le chef de l’Etat.

A défaut d’un Conseil National de l’Energie, désespérément absent, le “conseil restreint” présidé par le chef de l’Etat prend les rennes. Une nouvelle politique prend forme. Elle parait innovante, avec la large part qu’elle laisse aux énergies renouvelables. En fait, non. Ces orientations ont été déjà affirmées lors d’un conseil des ministres tenu en mai 2015. Elles n’ont toutefois pas débouché sur des résultats probants. Elles sont mises en cause au sein même du secteur: produire 22.000 mégawatts en énergies renouvelables à l’horizon 2030 pou la consommation interne, et 10.000 autres mégawatts à exporter, relève du simple effet d’annonce. Aucun mécanisme de décision ne permet d’envisager que ces objectifs soient atteints. Affirmer que le pays produira deux fois plus d’électricité renouvelable en 2030 qu’il ne produit d’énergie apparait en effet plus que fantaisiste, quand on sait que l’Algérie ne dispose que de 400 mégawatts installés jusque-là.

Que faire du gaz de schiste?

Le changement de ton concerne la “rationalisation de la consommation nationale d’énergie en général, dont le gaz naturel, y compris à travers la consommation de l’électricité”. Le président Bouteflika demande que les “efforts” en ce sens soient maintenus, ce qui signifie que de nouvelles augmentations des tarifs d’électricité sont à envisager. Le programme est ambitieux: économiser 42 milliards de dollars à l’horizon 2030, réduire de 9% la consommation d’énergie gr$ace à un programme national de développement de l’efficacité énergétique, comprenant notamment l’isolation thermique de 100.000 logements par an et la conversion au GPL de plus d’un million de véhicules particuliers et de plus de 20.000 autobus.

Il reste à savoir ce que le gouvernement fera sur un terrain particulièrement controversé: le gaz de schiste. Selon le ministère de l’énergie, l’Algérie disposerait d’un potentiel en gaz d schiste supérieur à celui du gaz conventionnel, 20.000 milliards de m3 contre 16.000 milliards. Est-il inclus dans les plans du président Bouteflika quand il “ordonne la poursuite et l’intensification de la prospection des ressources en gaz naturel”?

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