L’Algérie arrive en tête du classement mondial des pays qui bloquent les fonds des compagnies aériennes étrangères. C’est ce que révèle la dernière mise à jour de l’Association internationale du transport aérien (IATA), publiée le 10 décembre. Cette position place l’Algérie dans une situation critique, en décalage avec les standards internationaux du transport aérien.
Selon l’IATA, environ 1,2 milliard de dollars de recettes aériennes restent bloquées dans le monde. Toutefois, 93 % de ces fonds sont concentrés en Afrique et au Moyen-Orient. Dans ce contexte, l’Algérie se distingue nettement. Elle devient le premier pays au monde en volume de recettes aériennes immobilisées, avec plus de 300 millions de dollars bloqués.
Ces fonds appartiennent à des compagnies aériennes étrangères
Ces fonds appartiennent à des compagnies aériennes étrangères opérant sur le marché algérien. Ils proviennent essentiellement de la vente de billets, du fret et de services annexes. En principe, ces recettes doivent être rapatriées en devises, conformément aux accords bilatéraux et aux règles internationales. Or, en Algérie, ce rapatriement demeure fortement entravé.
D’après l’IATA, cette situation s’explique par des restrictions sévères sur l’accès aux devises étrangères, mais aussi par des procédures administratives longues et imprévisibles. De nouvelles exigences d’autorisation imposées par les autorités ont aggravé le blocage. En conséquence, les compagnies aériennes accumulent des recettes qu’elles ne peuvent pas utiliser, ce qui pèse directement sur leur trésorerie et leur capacité opérationnelle.
Par comparaison, l’Algérie devance désormais des pays longtemps considérés comme problématiques, notamment le Liban ou plusieurs États d’Afrique centrale. Cette évolution confirme un durcissement spécifique du cadre algérien, dans un contexte régional pourtant marqué par des tentatives de normalisation.
En effet, l’IATA observe une légère amélioration globale. Plusieurs gouvernements ont engagé des actions pour réduire leurs arriérés. Cependant, cette dynamique ne concerne pas l’Algérie. Au contraire, le pays consolide sa place de principal point de blocage au niveau mondial, ce qui accentue les tensions avec les opérateurs internationaux.
Les autorités algériennes sollicitées
Face à cette situation, l’IATA lance un appel clair aux autorités algériennes. L’organisation demande le déblocage rapide des recettes en souffrance, la simplification des procédures administratives et une meilleure allocation des devises. Elle rappelle que le respect de ces engagements conditionne la connectivité aérienne et la confiance des compagnies étrangères.
Les conséquences pour l’Algérie pourraient être lourdes. Certaines compagnies pourraient réduire leurs fréquences, revoir leurs plans d’expansion ou augmenter les prix des billets. À moyen terme, c’est l’attractivité du pays qui est directement menacée.
En s’imposant comme le champion mondial du blocage des fonds des compagnies aériennes, l’Algérie envoie un signal négatif aux acteurs du transport aérien et aux investisseurs. Dans un contexte de reprise du trafic mondial, cette situation appelle une révision urgente des politiques de change et de régulation, sous peine d’isoler davantage le pays sur la scène aérienne internationale.