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Algérie – Face à la fronde des fellahs, le gouvernement botte en touche

Par Yacine Temlali
20 octobre 2015
Serait-il possible aujourd'hui de plafonner le prix d'un produit comme la pomme de terre? Rien n'est moins sûr car la hausse des prix n'est pas due à la seule spéculation.

Le principal syndicat de fellahs algériens, l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), a présenté lundi au gouvernement des revendications difficiles à satisfaire, notamment le plafonnement des prix des produits agricoles de large consommation afin de décourager les spéculateurs.

 

Lundi, face à l’UNPA, la première organisation des fellahs, et à son inamovible président Mohamed Alioui, Bakhti Belaïb a dû faire face à des revendications impossibles à satisfaire. Alors que les prix des produits agricoles sont officiellement libres, à l’exception de ceux bénéficiant de subventions (céréales, etc.), le syndicat des fellahs a demandé « le plafonnement » des prix des produits de large consommation. Pour l’UNPA, l’objectif est de « freiner la spéculation pratiquée par les mandataires et les intermédiaires, poussant les prix à la hausse et nuisant au pouvoir d’achat du consommateur ».

Fidèle à un discours datant des années 1970 mettant en cause des « spéculateurs » qui manipuleraient le marché, le syndicat agricole ignore les autres facteurs : instabilité de la production, insuffisance des capacités de stockage, insuffisance de la production, faiblesse de l’industrie agro-alimentaire susceptible d’absorber les surplus saisonniers et, surtout, dérèglement du marché.

 

Revendications fourre-tout

 

Le syndicat a aussi proposé « l’adoption d’un double régime fiscal » en vue de « favoriser » la production agricole et de dissuader l’importation de produits agricoles cultivés localement, selon des propos de Mohamed Alioui rapportés par l’agence Algérie Presse Service (APS).

A côté de ces mesures inapplicables, les fellahs ont aussi demandé au ministre du Commerce une augmentation du prix du sachet de lait, fixé à 25 dinars, alors que le coût de production est largement supérieur. L’Etat fournit de fortes subventions pour soutenir le prix du lait, ce qui provoque une grande distorsion du marché.

Mais la décision de revoir le prix du lait, comme ceux des autres produits subventionnés, échappe largement au gouvernement, le président Abdelaziz Bouteflika étant seul à trancher sur ce terrain. Ayant fait de la préservation de la paix sociale un objectif central de sa politique, le chef de l’Etat a refusé jusqu’à maintenant de rogner sur les subventions, alors que les « transferts sociaux » représentent près de 28% du PIB.

 

Le poids de l’informel

 

Face à ces revendications, M. Belaïb a botté en touche, déclarant que le plafonnement des prix est « une question plus compliquée », et qu’elle « nécessite des études approfondies pour définir les produits concernés qui doivent, au préalable, être de large consommation et faire l’objet de spéculations cycliques ». Pour lui, la solution réside ailleurs. La mise en place des marchés de gros va « permettre une confrontation de l’offre et la demande, ce qui dévoilera la réalité des prix », a-t-il dit.

Estimant que l’instabilité des prix est due à la faiblesse du marché formel, le gouvernement s’est lancé, depuis deux ans, dans la réalisation de dizaines de marché de gros et de détail, pour tenter de stabiliser l’offre. Il mise beaucoup sur ces nouveaux marchés pour donner de la visibilité au commerce des produits agricoles et le sortir de l’informel.

Par ailleurs, et en parallèle à ces rencontres destinées à rassurer un monde agricole inquiet, le ministre de l’Agriculture, Sid-Ahmed Ferroukhi, a annoncé cette semaine que des dispositions particulières allaient être prises pour faciliter aux fellahs l’accès à la couverture sociale. Seuls 5% des fellahs algériens en bénéficient.

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